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 La Picardie vue par les poètes

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André Laugier

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MessageSujet: La Picardie vue par les poètes   La Picardie vue par les poètes EmptyLun 15 Aoû - 19:46


La Picardie vue par les poètes Chateau-pierrefonds-castle-france-picardy-picardie-108-2012


LA PICARDIE VUE PAR LES POÈTES

(COMPILATION)


S'étendant sur un territoire linguistique large comptant pas moins de cinq départements français (Aisne, Nord, Oise, Pas-de-Calais et Somme) mais aussi tout le Hainaut belge, la langue picarde dispose d'une très ancienne tradition littéraire qui fait d'elle l'une des variétés d'Oïl les plus richement dotées en œuvres poétiques, théâtrales, ou encore en chansons et en dictionnaires.

La Picardie inspira de nombreux écrivains. On pense évidemment à ZOLA. Mais au delà, la baie de Somme est restée un symbole des romans de COLETTE.

Parmi les écrivains et poètes français les plus illustres, figurent aussi des Picards. L'Aisne a vu naître Jean DE LA FONTAINE, Jean RACINE, Alexandre DUMAS, Paul CLAUDEL et le Marquis de CONDORCET, entre autres. L'Oise a accueilli Jean-Jacques ROUSSEAU, et la SOMME n'est pas en reste avec Jules VERNE (auteur de nombreux poèmes), certes né à Nantes, mais qui passa la plus grande partie de sa vie à Amiens.

Léon DUVAUCHEL

Au moment de sa mort, Léon DUVAUCHEL préparait la sortie d’un recueil de poèmes, "Poèmes de Picardie", fruit de son travail de plusieurs années. La mort, malheureusement ne lui laissa pas le temps de terminer ce qu’il avait entrepris.

Sa fille, Jeanne, qui s’attacha à rassembler l’œuvre de son père fera publier en 1905 tous ses poèmes dans un seul volume dans lequel seront repris les "Poèmes de Picardie".

Les Poèmes de Picardie se divisent en deux parties : Vers les Aïeux et Les Faines. La première partie se rapporte presque exclusivement à la ville et aux environs d’Amiens, aux paysages et aux mœurs du département de la Somme que le poète a retracé avec la lucidité, la sincérité, l’honnêteté artistique qui le caractérisent. Il met en scène nos paysans avec leurs habitudes actuelles et quelquefois aussi avec antiques coutumes de nos villages :

Comme on cherche un ancien costume
Plié dans le bahut fermé
Remuant du passé, j’exhume
Quelque usage autrefois aimé.

DUVAUCHEL avait pénétré à fond l’âme picarde, il se l’était assimilée et, à chaque vers, on retrouve un écho ou un souvenir des longues causeries qu’il aimait avoir avec les tourbiers, les huttiers, les hortillons, les cultivateurs et les bergers :

La couleur d’un rude langage
(Vieux français que nous dédaignons !)
Je m’en imprègne et la dégage
Des phrases de mes compagnons.

Il fut l'ami de Théophile Gautier et de Pierre Loti et appartenait à l’école dite naturaliste.



Léon DUVAUCHEL

LE MÉDAILLON

Dans les beaux médaillons brodés de perles fines
Et de longs entrelacs de chiffres en rubis,
Purs symboles de jougs joyeusement subis,
L'Amour a renferme ses reliques divines
Qui donnent aux croyants des délires subits.

Dans l'ivoire on l'écaille on voit la miniature
Que l'art semble parer d'un immuable attrait;
Ici quelque fleurette encadrée en secret;
Là quelques fins cheveux contant une aventure
Et sur lesquels chacun mit un baiser discret.

Cependant, ces bijoux — camée ou mosaïque,
Ou métal enrichi par l'habile émailleur —
N'acquièrent pour l'aimé de réelle valeur
Que par leur contenu, cadeau non prosaïque
Qu'ils gardent à lui seul : portrait, cheveux ou fleur.
Ainsi je vais, cachant, en- amoureux novice,
Le doux porte-bonheur qui partout m'a suivi,
Le simple médaillon dans lequel à l'envi
Mon esprit et mon cœur, sans nul grand artifice,
Ont fixe les plaisirs passés qui m'ont ravi.

Pour toi seule, fervent d'un culte qui commande
De chanter la jeunesse et ses transports divers,
J'écarte le couvercle aux tendres émaux verts :
Sous le léger cristal, taillé comme une amande,
Tu verras ta pensée enchâssée en mes vers.
__________________

Léon DUVAUCHEL

AU MOIS DE MAI

Au mois de mai, j'irai gaiment m'asseoir
Devant mon oeuvre, à l'heure matinale,
De lilas blancs mouillés des pleurs du soir,
Ayant paré ma muse virginale.

Au mois de mai, loin du monde moqueur,
En réveillant mes ardeurs de poète,
Je veux cueillir, harmonieux vainqueur,
Le fruit doré qui mûrit dans ma tête.

Au mois de mai, mignonne, tu viendras
Entendre au bois fauvettes et mésanges ;
La passion, nous berçant dans ses bras,
Nous portera vers le pays des anges.
Au mois de mai, de tous nos entretiens
Naîtra pour toi plus d'un joli poème :
Jeunes espoirs et souvenirs anciens.
Je leur coudrai des rimes en « Je t'aime ».

Au mois de mai, par autant de baisers,
Nous compterons le nombre des étoiles;
Et vers la fin des jours tièdes, rosés,
Mes yeux pourront voir ta beauté sans voiles.

Au mois de mai, le charmant, le doux mai,
Nous reprendrons la route coutumière
Pour récolter ce bouquet parfumé :
L'ardeur au cœur, les fleurs à la chaumière.
_________________

Léon DUVAUCHEL

AMOUR

Chère, tu ne seras pas sourde à ma prière,
Toi qui gardes pour moi tous ces dons précieux :
L'amour et le repos que je demande aux deux.
Tu m'en accorderas la grâce tout entière.

Car ton âme est l'amphore aux parfums généreux,
Aux baumes, aux encens ignorés de la terre.
Ta beauté calme et douce a compris le mystère
Dont se couronnera l'avenir bienheureux.

Déjà sous nos regards un océan de joie,
Eternel, d'un azur sans bornes, se déploie,
Où le vent des soupirs n'aura jamais soufflé.

La route, maintenant, n'est plus inaccessible,
Et notre passion elle-même est la clé
D'un asile où la vie est discrète et paisible.
_________________


Né à Paris le 22 mai 1808, Gérard de NERVAL, de son vrai nom Gérard LABRUNIE, est un écrivain et un poète français, et mort le 26 janvier 1855 (à 46 ans).

Figure majeure du romantisme français, il est essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage Les "Filles du feu", recueil de nouvelles (la plus célèbre étant Sylvie) et de sonnets (Les Chimères) publié en 1854. Il ne connut jamais sa mère, morte en Allemagne deux ans après sa naissance. Élevé par son oncle maternel, il passa son enfance à Mortefontaine, département de l'Oise, en région Nord-Pas-de-Calais-Picardie dont les paysages servirent d'ailleurs de cadre - à la fois réaliste, folklorique et idéalisé - à la plupart de ses récits de fiction.


Gérard de NERVAL

DANS LES BOIS

Au printemps l'oiseau naît et chante :
N'avez-vous pas ouï sa voix ?...
Elle est pure, simple et touchante,
La voix de l'oiseau - dans les bois !

L'été, l'oiseau cherche l'oiselle ;
Il aime - et n'aime qu'une fois !
Qu'il est doux, paisible et fidèle,
Le nid de l'oiseau - dans les bois !

Puis quand vient l'automne brumeuse,
il se tait... avant les temps froids.
Hélas ! qu'elle doit être heureuse
La mort de l'oiseau - dans les bois !
__________________

Gérard de NERVAL

LE COUCHER DE SOLEIL

Quand le Soleil du soir parcourt les Tuileries
Et jette l'incendie aux vitres du château,
Je suis la Grande Allée et ses deux pièces d'eau
Tout plongé dans mes rêveries !

Et de là, mes amis, c'est un coup d'oeil fort beau
De voir, lorsqu'à l'entour la nuit répand son voile,
Le coucher du soleil, - riche et mouvant tableau,
Encadré dans l'arc de l'Etoile !
__________________


À SUIVRE...


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MessageSujet: Re: La Picardie vue par les poètes   La Picardie vue par les poètes EmptyMer 17 Aoû - 11:59


La Picardie vue par les poètes Chateau-pierrefonds-castle-france-picardy-picardie-108-2012


LA PICARDIE VUE PAR LES POÈTES

(COMPILATION)

Gérard de NERVAL

LE TEMPS

ODE

I

Le Temps ne surprend pas le sage ;
Mais du Temps le sage se rit,
Car lui seul en connaît l'usage ;
Des plaisirs que Dieu nous offrit,
Il sait embellir l'existence ;
Il sait sourire à l'espérance,
Quand l'espérance lui sourit.

II

Le bonheur n'est pas dans la gloire,
Dans les fers dorés d'une cour,
Dans les transports de la victoire,
Mais dans la lyre et dans l'amour.
Choisissons une jeune amante,
Un luth qui lui plaise et l'enchante ;
Aimons et chantons tour à tour !

III

" Illusions ! vaines images ! "
Nous dirons les tristes leçons
De ces mortels prétendus sages
Sur qui l'âge étend ses glaçons ; "
" Le bonheur n'est point sur la terre,
Votre amour n'est qu'une chimère,
Votre lyre n'a que des sons ! "

IV

Ah ! préférons cette chimère
A leur froide moralité ;
Fuyons leur voix triste et sévère ;
Si le mal est réalité,
Et si le bonheur est un songe,
Fixons les yeux sur le mensonge,
Pour ne pas voir la vérité.

V

Aimons au printemps de la vie,
Afin que d'un noir repentir
L'automne ne soit point suivie ;
Ne cherchons pas dans l'avenir
Le bonheur que Dieu nous dispense ;
Quand nous n'aurons plus l'espérance,
Nous garderons le souvenir.

VI

Jouissons de ce temps rapide
Qui laisse après lui des remords,
Si l'amour, dont l'ardeur nous guide,
N'a d'aussi rapides transports :
Profitons de l'adolescence,
Car la coupe de l'existence
Ne pétille que sur ses bords !
__________________


Vincent VOITURE, né le 23 février 1597 à Amiens et mort le 27 mai 1648 (à 51 ans) à Paris, était un poète et prosateur français. Fils d’un marchand de vins en gros, ce dont on le railla souvent, il occupa diverses charges à la cour. Dans sa jeunesse, il signa sous le pseudo de VOYCTURE deux pièces, l’une latine, l’autre française, et sous VOICTEUR une pièce de vers sur la mort d’HENRI IV, qu’il récita, en 1610, comme écolier du collège de Calvi. Envoyé en Espagne par le duc d’Orléans, frère du Roi, il fut fort estimé à Madrid, et ce fut là qu’il fit ses vers espagnols, que tout le monde croyait être de Lope de VEGA, tant la diction en était pure. Il fit des poésies latines, françaises, espagnoles, italiennes, et a laissé des Lettres. "C’est lui, au reste, dira PELLISSON, qui renouvela en notre siècle les rondeaux, dont l’usage était comme perdu depuis le temps de Marot."

Vincent VOITURE

BELLES FLEURS

Belles fleurs, dont je vois ces jardins embellis,
Chastes Nymphes, l'Amour et le soin de l'Aurore,
Innocentes beautés que le Soleil adore,
Dont l'éclat rend la Terre et les Cieux embellis.

Allez rendre l'hommage au beau teint de Philis,
Nommez-la votre Reine, et confessez encore,
Qu'elle est plus éclatante et plus belle que Flore,
Lors qu'elle a plus d'œillets, de roses, et de lis.

Quittez donc sans regret ces lieux et vos racines,
Pour voir une beauté, dont les graces divines,
Blessent les coeurs des Dieux d'inévitables coups ;

Et ne vous fâchez point si vous mourez pour elle,
Aussi-bien la cruelle
Fera bientôt mourir tout le monde après vous.
__________________

Vincent VOITURE

SOUS UN HABIT DE FLEURS

Sous un habit de fleurs, la Nymphe que j'adore,
L'autre soir apparut si brillante en ces lieux,
Qu'à l'éclat de son teint et celui de ses yeux,
Tout le monde la prit pour la naissante Aurore.

La Terre, en la voyant, fit mille fleurs éclore,
L'air fut partout rempli de chants mélodieux,
Et les feux de la nuit pâlirent dans les Cieux,
Et crurent que le jour recommençait encore.

Le Soleil qui tombait dans le sein de Thétis,
Rallumant tout à coup ses rayons amortis,
Fit tourner ses chevaux pour aller après elle.

Et l'Empire des flots ne l'eût su retenir ;
Mais la regardant mieux, et la voyant si belle,
Il se cacha sous l'onde et n'osa revenir.
__________________

Vincent VOITURE

DEDANS CES PRÉS

Dedans ces prés herbus et spacieux,
Où mille fleurs semblent sourire aux Cieux,
Je viens blessé d'une atteinte mortelle
Pour soulager le mal qui me martèle,
Et divertir mon esprit par mes yeux.

Mais contre moi mon cœur séditieux
Me donne plus de pensers soucieux
Que l'on ne voit de brins d'herbe nouvelle
Dedans ces prés.

De ces tapis le pourpre précieux,
De ces ruisseaux le bruit délicieux,
De ces vallons la grâce naturelle,
Blesse mes sens, me gêne et me bourrelle,
Ne voyant pas ce que j'aime le mieux
Dedans ces prés.
__________________


Charles-Hubert MILLEVOYE est un poète français né à Abbeville (Somme) le 24 décembre 1782 et mort à Paris le 26 août 1816. MILLEVOYE avait de la sensibilité ; il aimait la nature, se plaisait à exprimer les émotions simples, à composer des tableaux touchants. Les cordes mélancoliques de l’âme humaine ont été touchées depuis par des mains plus puissantes ; cependant, quelques-unes de ses pièces méritent de rester. "La Chute des feuilles" serait un petit chef-d’œuvre sans ce fatal oracle d’Epidaure invoqué bien mal à propos. MILLEVOYE a déparé d’oripeaux mythologiques ses meilleures inspirations. Ce poète, si tendre et qui apparaît, dans ses vers, si détaché des choses d’ici-bas, ne dédaignait pas non plus assez les encouragements officiels. Son Passage du Saint-Bernard et un poème sur la Bataille d’Austerlitz lui valurent une pension et d’assez riches cadeaux.

MILLEVOYE, qui possédait par lui-même quelque aisance, aimait la vie élégante et même un peu fastueuse. Jean-Baptiste SANSON de PONGERVILLE dit qu’il se hâtait de convertir en chevaux de luxe, en voitures, en ameublements somptueux, les effets de la munificence impériale. Sa santé chancelante s’épuisait dans le tourbillon du monde et dans les émotions qu’il demandait à des amours de contrebande. Au milieu de la société brillante où il vivait, il rencontra un attachement sérieux ; mais la main de celle qui en était l’objet lui fut refusée, le père déclarant qu’il "aimait mieux voir sa fille morte que femme d’un homme de lettres." La jeune fille mourut de langueur et MILLEVOYE, en proie à la plus sombre tristesse, alla se confiner à Ville-d'AVRAY où il composa, sous les titres de "Huitaines et Dizaines", deux recueils d’élégies.


Charles-Hubert MILLEVOYE

LA CHUTE DES FEUILLES

De la dépouille de nos bois
L'automne avait jonché la terre ;
Le bocage était sans mystère,
Le rossignol était sans voix.
Triste, et mourant à son aurore,
Un jeune malade, à pas lents,
Parcourait une fois encore
Le bois cher à ses premiers ans :
" Bois que j'aime ! adieu... je succombe.
Ton deuil m'avertit de mon sort ;
Et dans chaque feuille qui tombe
Je vois un présage de mort.
Fatal oracle d'Epidaure,
Tu m'as dit : " Les feuilles des bois
"A tes yeux jauniront encore ;
"Mais c'est pour la dernière fois.
"L'éternel cyprès se balance ;
"Déjà sur ta tête en silence
"Il incline ses longs rameaux :
"Ta jeunesse sera flétrie
"Avant l'herbe de la prairie,
"Avant le pampre des coteaux. "
Et je meurs ! De leur froide haleine
M'ont touché les sombres autans ;
Et j'ai vu, comme une ombre vaine,
S'évanouir mon beau printemps.
Tombe, tombe, feuille éphémère !
Couvre, hélas ! ce triste chemin ;
Cache au désespoir de ma mère
La place où je serai demain.
Mais si mon amante voilée
Au détour de la sombre allée
Venait pleurer quand le jour fuit,
Eveille par un léger bruit
Mon ombre un instant consolée. "
Il dit, s'éloigne... et, sans retour...
La dernière feuille qui tombe
A signalé son dernier jour.
Sous le chêne on creusa sa tombe...
Mais son aimante ne vint pas
Visiter la pierre isolée ;
Et le pâtre de la vallée
Troubla seul du bruit de ses pas
Le silence du mausolée.
__________________

Charles-Hubert MILLEVOYE

LES J’AI VU

J'ai vu cette brillante fête,
Fête des grâces, des amours,
Que trois mois d'avance on apprête,
Et dont on s'occupe trois jours.
J'ai vu la beauté sous les armes,
Rassemblant tous ses traits vainqueurs,
Doubler le pouvoir de ses charmes
Pour venir assiéger les cœurs.
J'ai vu la toilette nouvelle,
Et, d'honneur, j'en suis enchanté
Ces dames mettant tant de zèle
À retracer l'antiquité,
Qu'on les verra, si cela dure,
Quittant l'habit grec ou romain,
Reprendre la simple parure
De la mère du genre humain.
J'ai vu tour à tour d'autres belles,
Se livrant à des goûts nouveaux,
Oser, amazones nouvelles,
Caracoler sur des chevaux...
Comme tomber n'est pas descendre,
Belles, prenez garde aux faux pas :
Vous risquez... Vous devez m'entendre,
Et Boufflers a su vous apprendre
Ce qu'il arrive en pareil cas.
J'ai vu la tournure grossière
Des parvenus en chars brillants :
Ces messieurs se tiennent dedans
De l'air dont on se tient derrière.
J'ai vu l'intrigant Dorival,
Qui faisait aujourd'hui figure,
Et demain vendra le cheval
Afin de payer la voiture.
J'ai vu 'campos ubi Troja...'
J'ai vu les ruines célèbres
Du temple où jadis ce jour-là
Les nonnettes chantaient ténèbres
Avec les filles d'Opéra.
J'ai vu la foule confondue
Revenir, au déclin du jour,
Par la longue et sombre avenue
De ce bois planté par l'amour,
Où, dit-on, à l'hymen son frère
Le fripon joua plus d'un tour ;
Bois charmant où le doux mystère
Établit avec lui sa cour.
J'ai vu l'amant et son amie,
Dans leurs yeux portant le bonheur ;
Je les ai vus d'un œil d'envie,
Et me suis dit au fond du cœur :
Ah ! dans ce bois, aimable Laure,
Que ne puis-je avec toi rêver !
Je ne voudrais m'y retrouver
Qu'afin de m'y reperdre encore.
__________________

À SUIVRE...



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MessageSujet: Re: La Picardie vue par les poètes   La Picardie vue par les poètes EmptyMer 17 Aoû - 20:02

D'excellents poètes en Picardie ! Merci André.
bis bisounours

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MessageSujet: Re: La Picardie vue par les poètes   La Picardie vue par les poètes EmptyVen 19 Aoû - 11:15


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LA PICARDIE VUE PAR LES POÈTES

(COMPILATION)


Jean de La FONTAINE (né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, dans le département de l'Aisne, en région administrative de Nord-Pas-de-Calais-Picardie, et mort le 13 avril 1695 à Paris) est un poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure ses contes licencieux. On lui doit également des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.

Proche de Nicolas FOUQUET, Jean de La Fontaine reste à l'écart de la cour royale mais fréquente les salons comme celui de Madame de La SABLIÈRE et malgré des oppositions, il est reçu à "l'Académie française" en 1684. Mêlé aux débats de l'époque, il se range dans le parti des Anciens dans la fameuse "Querelle des Anciens et des Modernes".

C'est en effet en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'ÉSOPE, qu'il écrit les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles est publié en 1668, le deuxième (livres VII à XI) en 1678, et le dernier (livre XII actuel) est daté de 1694. Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes, parfois plus complexes qu'il n'y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La FONTAINE sont toujours considérées comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le fabuliste a éclipsé le conteur d'autant que le souci moralisant a mis dans l’ombre les contes licencieux publiés entre 1665 et 1674.


Jean de LA FONTAINE

POUR MONSEIGNEUR LE DUC DE MAINE

Jupiter eut un fils, qui, se sentant du lieu
Dont il tirait son origine,
Avait l'âme toute divine.
L'enfance n'aime rien : celle du jeune Dieu
Faisait sa principale affaire
Des doux soins d'aimer et de plaire.
En lui l'amour et la raison
Devancèrent le temps, dont les ailes légères
N'amènent que trop tôt, hélas ! chaque saison.
Flore aux regards riants, aux charmantes manières,
Toucha d'abord le cœur du jeune Olympien.
Ce que la passion peut inspirer d'adresse,
Sentiments délicats et remplis de tendresse,
Pleurs, soupirs, tout en fut : bref, il n'oublia rien.
Le fils de Jupiter devait par sa naissance
Avoir un autre esprit, et d'autres dons des Cieux,
Que les enfants des autres Dieux.
Il semblait qu'il n'agît que par réminiscence,
Et qu'il eût autrefois fait le métier d'amant,
Tant il le fit parfaitement.
Jupiter cependant voulut le faire instruire.
Il assembla les Dieux, et dit : J'ai su conduire
Seul et sans. compagnon jusqu'ici l'Univers,
Mais il est des emplois divers
Qu'aux nouveaux Dieux je distribue.
Sur cet enfant chéri j'ai donc jeté la vue :
C'est mon sang ; tout est plein déjà de ses Autels.
Afin de mériter le sang des immortels,
Il faut qu'il sache tout. Le maître du Tonnerre
Eut à peine achevé, que chacun applaudit.
Pour savoir tout, l'enfant n'avait que trop d'esprit.
Je veux, dit le Dieu de la guerre,
Lui montrer moi-même cet art
Par qui maints héros ont eu part
Aux honneurs de l'Olympe et grossi cet empire.
- Je serai son maître de lyre,
Dit le blond et docte Apollon.
- Et moi, reprit Hercule à la peau de Lion,
Son maître à surmonter les vices,
A dompter les transports, monstres empoisonneurs,
Comme Hydres renaissants sans cesse dans les cœurs :
Ennemi des molles délices,
Il apprendra de moi les sentiers peu battus
Qui mènent aux honneurs sur les pas des vertus.
Quand ce vint au Dieu de Cythère,
Il dit qu'il lui montrerait tout.
L'Amour avait raison : de quoi ne vient à bout
L'esprit joint au désir de plaire ?
__________________

Jean de LA FONTAINE

DISCOURS À MADAME DE LA SABLIÈRE

Désormais que ma Muse, aussi bien que mes jours,
Touche de son déclin l'inévitable cours,
Et que de ma raison le flambeau va s'éteindre,
Irai-je en consumer les restes à me plaindre,
Et, prodigue d'un temps par la Parque attendu,
Le perdre à regretter celui que j'ai perdu ?
Si le Ciel me réserve encor quelque étincelle
Du feu dont je brillais en ma saison nouvelle,
Je la dois employer, suffisamment instruit
Que le plus beau couchant est voisin de la nuit.
Le temps marche toujours ; ni force, ni prière,
Sacrifices ni vœux, n'allongent la carrière :
Il faudrait ménager ce qu'on va nous ravir.
Mais qui vois-je que vous sagement s'en servir ?
Si quelques-uns l'ont fait, je ne suis pas du nombre ;
Des solides plaisirs je n'ai suivi que l'ombre :
J'ai toujours abusé du plus cher de nos biens ;
Les pensers amusants, les vagues entretiens,
Vains enfants du loisir, délices chimériques ;
Les romans, et le jeu, peste des républiques,
Par qui sont dévoyés les esprits les plus droits,
Ridicule fureur qui se moque des lois ;
Cent autres passions, des sages condamnées,
Ont pris comme à l'envi la fleur de mes années.
__________________

Jean de LA FONTAINE

ÉLÉGIE AUX NYMPHES DE VAUX

Pour M. FOUQUET

Remplissez l'air de cris en vos grottes profondes ;
Pleurez, Nymphes de Vaux, faites croître vos ondes,
Et que l'Anqueuil enflé ravage les trésors
Dont les regards de Flore ont embelli ses bords
On ne blâmera point vos larmes innocentes ;
Vous pouvez donner cours à vos douleurs pressantes :
Chacun attend de vous ce devoir généreux ;
Les Destins sont contents : Oronte est malheureux.
Vous l'avez vu naguère au bord de vos fontaines,
Qui, sans craindre du Sort les faveurs incertaines,
Plein d'éclat, plein de gloire, adoré des mortels,
Recevait des honneurs qu'on ne doit qu'aux autels.
Hélas ! qu'il est déchu de ce bonheur suprême !
Que vous le trouveriez différent de lui-même !
Pour lui les plus beaux jours sont de secondes nuits
Les soucis dévorants, les regrets, les ennuis,
Hôtes infortunés de sa triste demeure,
En des gouffres de maux le plongent à toute heure.
Voici le précipice où l'ont enfin jeté
Les attraits enchanteurs de la prospérité !
Dans les palais des rois cette plainte est commune,
On n'y connaît que trop les jeux de la Fortune,
Ses trompeuses faveurs, ses appâts inconstants ;
Mais on ne les connaît que quand il n'est plus temps.
Lorsque sur cette mer on vogue à pleines voiles,
Qu'on croit avoir pour soi les vents et les étoiles,
Il est bien malaisé de régler ses désirs ;
Le plus sage s'endort sur la foi des Zéphyrs.
Jamais un favori ne borne sa carrière ;
Il ne regarde pas ce qu'il laisse en arrière ;
Et tout ce vain amour des grandeurs et du bruit
Ne le saurait quitter qu'après l'avoir détruit.
Tant d'exemples fameux que l'histoire en raconte
Ne suffisaient-ils pas, sans la perte d'Oronte ?
Ah ! si ce faux éclat n'eût point fait ses plaisirs,
Si le séjour de Vaux eût borné ses désirs,
Qu'il pouvait doucement laisser couler son âge !
Vous n'avez pas chez vous ce brillant équipage,
Cette foule de gens qui s'en vont chaque jour
Saluer à longs flots le soleil de la Cour :
Mais la faveur du Ciel vous donne en récompense
Du repos, du loisir, de l'ombre, et du silence,
Un tranquille sommeil, d'innocents entretiens ;
Et jamais à la Cour on ne trouve ces biens.
Mais quittons ces pensers : Oronte nous appelle.
Vous, dont il a rendu la demeure si belle,
Nymphes, qui lui devez vos plus charmants appâts,
Si le long de vos bords Louis porte ses pas,
Tâchez de l'adoucir, fléchissez son courage.
Il aime ses sujets, il est juste, il est sage ;
Du titre de clément rendez-le ambitieux :
C'est par là que les rois sont semblables aux dieux.
Du magnanime Henri qu'il contemple la vie :
Dès qu'il put se venger il en perdit l'envie.
Inspirez à Louis cette même douceur :
La plus belle victoire est de vaincre son cœur.
Oronte est à présent un objet de clémence ;
S'il a cru les conseils d'une aveugle puissance,
Il est assez puni par son sort rigoureux ;
Et c'est être innocent que d'être malheureux.
__________________


Plus près de nous, Henri HEINEMANN, né en 1927, professeur de Lettres et critique littéraire, termine premier de sa promotion à l’École Normale d’Instituteurs de Paris, puis se spécialise dans les Lettres avant de devenir professeur de collège. Il acquiert de hautes fonctions en relations internationales avec Paul DELOUVRIER et Philippe VIANNEY. Ses missions l'emmènent à Moscou, en Ouzbékistan, à Rome, à Munich, et dans toute la Scandinavie. En 1973, à l'âge de 46 ans, il commence un journal.
Il entre à l’Association Internationale des Critiques littéraires, travaillant entre autres pour le "Courrier picard". Il est maire de Cayeux-sur-Mer, secrétaire de l’Association des Amis d’André GIDE, chevalier de l’Ordre national du Mérite, et Chevalier des Arts et des Lettres. Il abordera la poésie sous forme libérée. Deux de ses textes, ci-dessous :


Henri HEINEMANN

L'ETOURDI

Quelquefois je voudrais savoir
dans ma cervelle endolorie
quel médicastre soignerait
et pour mieux dire guérirait
ma proverbiale étourderie.

J'en appelle â toutes les sauces
le nœud au mouchoir, l'agenda,
les remèdes dont on se gausse,
la poudre de perlimpinpin,
rien n'y fait, crénom d'un Merlin !

Vous verrez que le jour viendra
mais je ne sais ni quand ni comme
où m'arrêtant de délirer
j'aurai mon dernier oubli d'homme
bref, j'oublierai de respirer.
__________________


Henri HEINEMANN

MOISSONS

Le mastodonte vert aura tôt fait son œuvre
à vous tondre la plaine, à récolter le grain.

Moisson de solitude en bel et bon arroi
deux prêtres suffiront, la messe sera dite.

Enfant d'étés anciens
il me souvient des grand-messes du blé

des soupes du matin
tandis qu'on attelait
deux percherons dans un bruit de sabots
à la moissonneuse-lieuse

et des départs l'air nous piquant le nez.

Au champ
devançant la machine
un prélude à la faux
couchait l'entame à la façon d'antan

puis les percherons s'engageaient
et nous suivions rassemblant en faisceaux
toutes les gerbes

sous les premières était caché
à l'ombre le cidre en fillettes.

Les bêtes allaient droit devant
hochant de la tête
soufflant des naseaux,
tournaient large puis revenaient
et nous sentions leur sueur au passage.

Un jour nous hissant sur les chars
de fourche à fourche nous cueillions les gerbes
en dressant contre les ridelles
étageant le reste jusqu'à trop plein

un autre l'on battait
nous étions ivres de poussière
de cidre et d'assourdissement,

Mais le festin final nous payait de nos peines
de nos éreintements, de nos cloques aux mains
des filles nous frôlaient, riaient et nous moquaient
d'avoir rougi, nous nous en défendions
si mal qu'elles riaient encore.

C'était - qu'on me pardonne -une messe d'hier.
_________________


FIN

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MessageSujet: Re: La Picardie vue par les poètes   La Picardie vue par les poètes EmptyVen 19 Aoû - 11:26

Flamme a écrit:
D'excellents poètes en Picardie ! Merci André.
bis bisounours

Bonjour FLAMME,

J'ai terminé avec notre Jean De LA FONTAINE qui est certainement le plus connu de tous les poètes picards.

Pour être assez complet, j'ai mentionné deux poèmes de Henri HEINEMANN qui, sans être véritablement poète, a consacré sa vie à promouvoir l'art poétique de sa région dans Le Courrier Picard", tout en animant de nombreuses Associations de Poètes et de Lettres.

UN GAND MERCI pour l'attention particulière que tu portes sur les volets de ce tour de France en poésie.

NOS PLUS AFFECTUEUX bibi2 bibi2 bibi2

Douce journée à toi.

CARPE DIEM

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MessageSujet: Re: La Picardie vue par les poètes   La Picardie vue par les poètes EmptyDim 28 Aoû - 8:24

Tant de poètes à découvrir ou à redécouvrir au travers de leurs paysages préférés. Un vrai travail de recherche. petitbis
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