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 La Corse vue par les poètes.

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André Laugier

André Laugier


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MessageSujet: La Corse vue par les poètes.   La Corse vue par les poètes. EmptyMar 2 Aoû - 19:51


La Corse vue par les poètes. Ajaccio


(COMPILATION)


Les poètes corses sont les inventeurs de "formes expressives", et l’Île de Beauté a toujours accordé une place importante pour des lectures, récitals et présentations de poèmes chantés ou déclamés.

Jean-Pierre SIMEON, directeur artistique du Printemps des Poètes l’affirme :

"Cela ne fait pas de doute : on peut affirmer aujourd'hui, avec le recul nécessaire, que le XXe siècle fut pour notre pays et la Francophonie un siècle de poésie majeure. Après la déflagration dadaïste et surréaliste, qui a permis une invention formelle sans précédent et refondé l'enjeu existentiel et subversif de la poésie, jamais peut-être un temps n'a produit autant d'œuvres considérables par leur portée et leur singularité…"

La langue corse est le véhicule de la culture corse, riche de ses chants, ses polyphonies, ses proverbes, sa poésie et de ses expressions.

Gian Paolo BORGHETTI (23 juin 1816 - 4 novembre 1897) est un écrivain, poète et politicien corse. Il a été présenté comme "un des plus grands poètes corses d'expression italienne" et "un des intellectuels corses les plus brillants du XIXe siècle". Il est né à Talasani
dans l'une des plus illustres familles de la région de Tavagna dont les membres, apparentés à Luiggi GIAFFERI, se sont particulièrement distingués dans le règne du Roi THEODORE. Il a étudié la médecine à Pise de 1835 à 1839, et est revenu en Corse une fois ses études achevées. En 1841, il s'est enrôlé dans la marine française en tant que chirurgien. Dans cette fonction il a parcouru la Méditerranée et l'Atlantique jusqu'au début de 1848. Poète très doué, il a laissé de nombreuses œuvres écrites en langue Corse.


Santu CASANOVA est un poète corse originaire d'Arbori. Il est né le 3 juillet 1850 à Azzana et mort à Livourne (Italie) le 27 décembre 1936. Ses cendres ont été transférées à Arbori en 1962.

Il fut l'un des premiers à dissocier le corse de l'italien, et à militer pour que le corse soit considéré comme une langue à part entière et non plus comme un niveau familier de l'italien. Il participa aux prémices d'un régionalisme mené contre la France et sa république, provoqué en partie par une situation économique et sociale catastrophique, poussant un nombre croissant de Corses à l'exil pour fuir la misère. Ce mouvement de protestation passait notamment par la conservation de la langue et de la culture corse en opposition à l'acculturation française", autrement dit la colonisation, visant à déposséder les Corses de leur culture afin de pouvoir mieux les intégrer à celle de la république française (la Corse est devenue française par suite d'une invasion militaire mettant fin à son indépendance en 1769 et à son régime démocratique fondé par Pascal PAOLI, avant d'être placée sous gouvernement militaire pendant un siècle). À l'instar de la plupart des intellectuels corses, Santu CaSANOVA entendait résister par les lettres et les arts à cette francisation forcée de la nation corse.

Santu CASANOVA fut le fondateur, en 1889, du premier journal en langue corse : "A Tramuntanella, Fresca e Zitella", qui deviendra en 1896 "A Tramuntana, Fresca e Sana". Cet hebdomadaire traitait de politique et de littérature mais pratiquait également l'humour et la satire et refusait les publications envoyées en langue italienne. Sa parution s'arrêtera en 1919. Santu CASANOVA était réputé pour être un polémiste politique redouté mais également un conteur doué ainsi qu'un fin poète.

Deux recueils de ses poèmes ont été publiés: "Primavera corsa" (1927) qui est un ensemble de courts récits et "Fiori di Cirnu" (1930) qui rassemble des pièces lyriques et satiriques. Il publiera "A primavera in Arburi" en 1923 dans "l'Annu Corsu."


Plus près de nous, Jérôme MULAS-BENEDETTI est né à Occhiatana , Balagne en Corse.

Dès son plus jeune âge, il est attiré par la poésie et la véritable croyance religieuse.

Iol fait ses Études primaires au village. Puis ses Études secondaires au cours complémentaire de Belgodère.

Appelé sous les drapeaux en 1955 à Meknès (Maroc) dans l'intendance militaire. Il est Caporal, puis caporal-chef infirmier.
Départ, ensuite, pour l'Algérie en 1956 dans le 117ème régiment d'infanterie coloniale.
En tant que sous-officier, il dirige un commando. Dans celui-ci, se trouvent quelques anciens combattants d'Indochine. Malgré son patriotisme, le poète est tourmenté. Il comprend qu'il est en totale contradiction avec la poésie et l'enseignement chrétien qu'il a reçu de ses parents et de ses grands-parents.

Dans ses prières, il demande au Créateur la force d'abandonner cette carrière militaire. Le poète est vraiment convaincu d'avoir été entendu par l'Éternel. Quelque temps après sa libération, il devient un soldat de la Vie au service de Dieu.

Ses poèmes d'inspiration biblique sont chantés et interprétés musicalement par des vedettes internationales (exemple: Tino ROSSI).

Pour nos Amis Corses, familiers de la langue, voici, ci-dessous, un de ses plus attachants poèmes :


Jérôme Mulas-BENEDETTI

SO PARTUTA IN CUNTINENTE

So partuta in cuntinente
Duve so Ii mio figlioli
Perchè u moi maritu è eiu
Ci sentiamu troppu soli
Ind’un paisolu caru
Ci aghju a mo casarella
Duve aghju tanti ricordi
Di quand'hè ch'era zitella

Appena si sorte fora
Si sente odore di machja
Si sente canti d'acelli
E corre Ii fiumicelli
Da nantu à la mio tirazza
Quandu l’alba s’avvicina
Vecu risplende Ii monti
E richjarà la cullina

So guasi una vichjarella
E aghju abbastanza giratu
Ma u mo core, o Cursichella
Indè tè l'aghju lasciatu

Aghju vistu tante loche
Belli, ùn si ne po discrede
Ma cumè a mo Cursichella
Nisun’parte ùn si ne vede
Si un ghjuvellu nantu à l'onda
Una perla à mezu mare
U to splendore o Cursichella
Ad'alcunu ùn si cumpare
Vularebbe riturnà
Indè lu mio paisellu
Ma u mo core hè inchjuzzatu
Trà l’incudine è u martellu

Ghjorni è notte à tutte l'ore
Cursichella, eo pensu à tè
I rimori di ste loche
Un so più fatti per mè

Indè i nostri paisoli
L'abituali rimori
So i veli di e capre
E i canti di i pastori
A la stretta di la notte
E per più di puesia
Un vechju di lu paese
Nè sonne l’Avè Maria
Capu bassu, ognunu allora
Face u segnu di a croce
L'Agnus Dei in casa nostra
Si dicia à aIta voce
So figliola di Ghjuvanni
E po di Filippinella
Salut'amichi è parenti
E po la mio Ochjatanella
_____________________


Natale SAROCCHI est né à Rusiu, 28 juin 1839 et est mort à Rusiu le 7 mars 1916. Il était un poète corse, meunier de son état.
Poète dès son enfance, il se passionnait aussi pour la musique. Dans ses poèmes, il parle de SMENTICONE, un fameux violoneux qui fréquentait Rusiu à une époque où le village n'était relié avec l'extérieur par aucune route. Un passage emprunté était l'ascension du Monte Pianu Maggiore (1 451 m), entre Sermanu (Boziu) et Rusiu.

Chantre de Rusiu, il était un poète d'expression italienne et corse, presque complètement oublié de nos jours. Ce n'est que justice de le citer aujourd'hui.

Toutefois, Benedettu SOROCCHI, lui a consacré en 1993 un mémoire de "maîtrise de langue et Civilisation Corses à l'Université Pasquale Paoli" sous le titre "Natalellu Sarocchi, pueta di Rusiu". Il lui arrivait quelquefois d'écrire des poèmes commandés par des amoureux déçus.

Autodidacte, il avait appris tout seul à lire et à écrire la langue italienne, la seule en usage à l'époque en littérature.
Nombreux sont ses poèmes à avoir été édités dans le Petit Marseillais, le Messager Corse.



Salvatore VIALE, né à Bastia, 6 septembre 1787 et mort le 23 novembre 1861, est un écrivain, poète et magistrat corse, d'origine italienne.

Salvatore VIALE a été le premier à employer la langue corse dans une œuvre littéraire, la Dionomachia (1817). Libéral, il a joué un rôle majeur dans la récupération des traditions culturelles et nationales du peuple corse et a défendu l'italien comme langue culturelle de l'île.

QUELQUES POÈMES SUR LA CORSE :

Petrus BOREL.

LA CORSE

Le maestral soufflait : la voûte purpurine
Brillait de mille feux comme une aventurine ;
Sur le bord expirait le chant des gondoliers ;
Un silence de mort planait sur ces campagnes.
Parfois, on entendait bien loin, dans les montagnes,
Les sifflements des bandouliers.

La mer était houleuse ; et la vague plaintive
Se berçait, et rampait, et saluait la rive,
Comme ces flots de rois, tous abreuvés de fiel,
Saluaient le soldat fils de ce roc sauvage.
Un barde aurait pu dire au repos de la plage :
Que la terre écoutait le ciel !

L’horizon s’appuyait sur l’immense muraille
De colline, de mont, de rocher, de rocaille,
Qui sur la Corse au loin s’étend comme un géant,
Depuis Bonifacio veillant sur la Sardaigne
Jusques à la Bastia qui dans la mer se baigne,
Et lève aux cieux un front d’argent.

Tout dormait, se taisait : assis sur une pierre,
Auprès du seuil étroit de sa basse chaumière,
Un vigoureux chasseur, Viterbi le vieillard,
Homme doux dont le bras ne poignarda personne
Et dont la chevelure en blanchissant rayonne
Sous son bonnet de montagnard.

Avant d’entrer au lit, en ce lieu solitaire,
Courbé sur son mousquet, les yeux fichés eu terre,
Il aspirait du soir l’air pur vivifiant ;
Quand un éclair lointain jetait su large flamme,
Comme un enfant à Dieu recommandant son âme,
Il signait son front suppliant.

Tout à coup, il entend, se lève, écoute encore :
C’était un bruit de pas sur le chemin sonore.
Qui vive ! garde à vous ! répondez ! - Un Français !
Un ami ! - Malheureux ! si tard en cette gorge,
Sans armes ! l’étranger, veux-tu que l’on t’égorge ?
Est-ce la mort que tu cherchais ? -

Je suis un jeune peintre, et, sans inquiétude,
Je revenais du val où je fais une étude ;
Signer, je suis Français et non point étranger,
Je revenais sans peur ; la nuit rien ne m’arrête ;
Portant sous mon manteau pour tout bien ma palette,
Mon escarcelle est sans danger !

Sais-tu bien que le Corse a soif de la vengeance,
Et non pas soif de l’or ? Malheur à qui l’offense !
Si ta mort est jurée, il comptera tes pas ;
S’il le faut dans les bois, ainsi qu’une hyène,
Un mois il attendra que sa victime vienne
Pour se ruer sur son trépas.

Puisque sans armes, seul, par cette route sombre
Tu marches, chante au moins, car peut-être dans l’ombre
Tu pourrais pour un autre être pris des brigands ;
Marche enchantant ces airs que mon âme aguerrie
A ton âge aimait tant, ces airs de ta patrie,
Hymnes funèbres des tyrans ?

Jeune, on ne saurait craindre, on rit de la prudence ;
Les avis d’un vieillard sont traités de démence :
Le cœur bouillant de vie est si peu soucieux !
Aussi ce jeune peintre, à ce que l’on raconte,
En souriait tout bas, n’en tenant aucun compte,
Et s’éloigna silencieux.

Mais tout près d’Oletta sa peur est éveillée :
Il entend quelque bruit. C’est, dit-il, la feuillée.
Mais une lame a lui parmi les oliviers ?...
Suis-je enfant de trembler ! c’est un follet qui passe,
Et ce long frôlement, et ce bruit de voix basse,
C’est le murmure des viviers.

A peine replongé dans quelque rêverie,
Il tomba sous le plomb d’une mousqueterie.
A son cri déchirant répond un rire affreux ;
Puis un homme accouru l’achève avec furie.
Enfer ! qu’ai-je donc fait ? je me trompe de vie !
Ce n’est pas Viterbi le vieux !

La rage dans le cœur, il brise son épée,
Et disparaît soudain sous la roche escarpée...
Le passant matinal ne vit le lendemain,
Qu’un manteau teint de sang, des lambeaux de peinture,
Des ossements rongés, effroyable pâture !
Un crâne épars sur le chemin.
__________________


Rondeau de Charles D'ORLÉANS (1394-1465)

À LA CORSE

Dieu ! Qu’il la fait bon regarder
La gracieuse bonne et belle !
Pour les grands biens
qui sont en elle,
Chacun est prêt de la louer.
Qui se pourrait d’elle lasser ?
Toujours sa beauté renouvelle.
Dieu ! Qu’il la fait bon regarder
La gracieuse bonne et belle !
Par deçà ni delà la mer
Ne sais dame ni damoiselle
Qui soit en tous biens parfaits telle ;
C’est un songe que d’y penser.
Dieu ! Qu’il la fait bon regarder.
__________________


Natale BIANCARDINI

MON ÎLE, MA CORSE

Comme une perle de couleur
Posée sur l'onde cristalline,
C'est ainsi que je l'imagine,
Cette île, si chère à mon cœur,
La brise est douce à mon visage,
Et dans la pâleur de septembre,
Je m'évade, et lassé d'attendre,
Mon rêve aborde son rivage.

Elle m'attend là-bas immuable et rebelle,
Moi l'enfant égaré, trop souvent infidèle,
Me voilà de retour, abreuvé de mémoire,
Prêt à reprendre en cours le fil de notre histoire.
Si de ma tendre enfance, à l'avancée dans l'âge,
J'ai vécu trop longtemps trop loin de mon village,
Désormais, je ressens ce besoin viscéral
De retourner chez moi dans mon pays natal.

Et, je la revendique aujourd'hui avec force,
Ma fierté légitime d'être un fils de la Corse.
__________________


À SUIVRE...










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MessageSujet: Re: La Corse vue par les poètes.   La Corse vue par les poètes. EmptyMar 2 Aoû - 21:04

La Corse vue par les poètes. 18910111
Merci ... M. P. (Julien Willis)
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André Laugier

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MessageSujet: Re: La Corse vue par les poètes.   La Corse vue par les poètes. EmptyMer 3 Aoû - 18:36


La Corse vue par les poètes. Ajaccio


(COMPILATION)



Auguste BARBIER (1805-1882)

L’IDOLE

Ô Corse à cheveux plats ! que ta France était belle
Au grand soleil de messidor !
C'était une cavale indomptable et rebelle,
Sans frein d'acier ni rênes d'or ;
Une jument sauvage à la croupe rustique,
Fumante encor du sang des rois,
Mais fière, et d'un pied fort heurtant le sol antique,
Libre pour la première fois.
Jamais aucune main n'avait passé sur elle
Pour la flétrir et l'outrager ;
Jamais ses larges flancs n'avaient porté la selle
Et le harnais de l'étranger ;
Tout son poil était vierge, et, belle vagabonde,
L'oeil haut, la croupe en mouvement,
Sur ses jarrets dressée, elle effrayait le monde
Du bruit de son hennissement.
Tu parus, et sitôt que tu vis son allure,
Ses reins si souples et dispos,
Dompteur audacieux tu pris sa chevelure,
Tu montas botté sur son dos.
Alors, comme elle aimait les rumeurs de la guerre,
La poudre, les tambours battants,
Pour champ de course, alors tu lui donnas la terre
Et des combats pour passe-temps :
Alors, plus de repos, plus de nuits, plus de sommes,
Toujours l'air, toujours le travail.
Toujours comme du sable écraser des corps d'hommes,
Toujours du sang jusqu'au poitrail.
Quinze ans son dur sabot, dans sa course rapide,
Broya les générations;
Quinze ans elle passa, fumante, à toute bride,
Sur le ventre des nations ;
Enfin, lasse d'aller sans finir sa carrière,
D'aller sans user son chemin,
De pétrir l'univers, et comme une poussière
De soulever le genre humain ;
Les jarrets épuisés, haletante, sans force
Et fléchissant à chaque pas,
Elle demanda grâce à son cavalier corse ;
Mais, bourreau, tu n'écoutas pas !
Tu la pressas plus fort de ta cuisse nerveuse,
Pour étouffer ses cris ardents,
Tu retournas le mors dans sa bouche baveuse,
De fureur tu brisas ses dents ;
Elle se releva : mais un jour de bataille,
Ne pouvant plus mordre ses freins,
Mourante, elle tomba sur un lit de mitraille
Et du coup te cassa les reins.
__________________


Auguste BARBIER

D'un galon à mon frac la séduisante amorce,
Voilà plus de quinze ans, m'attira vers la Corse;
Et pour mieux détourner à l'envi mes amis
Me citaient les journaux où les faits des bandits,
Qui depuis trop longtemps passionnent la foule,
Sont contés de façon à donner chair de poule,
M'envoyaient des romans ad hoc. Mon œil tomba
Sur le plus effrayant de tous sur Colomba.
Tout mon sang, je l'avoue, affluait vers ma tète.
Bah me dis-je à la fin, ne soyons pas si bête
De prendre pour comptant ce sinistre fatras.
Qu'ont signé Mérimée, Alexandre Dumas
Et bien d'autres encor. C’est un anachronisme
Que leur a fait commettre un excès de lyrisme.
En parlant de forêts, de monts et de makis
Il est bon en effet d'émailler ses récits

De lugubres horreurs, d’une trame bien noire.
Aux sources de l"Adour place-t-on son histoire ?
__________________


Auguste BARBIER

Le Corse par ses goûts sobre, économe et sage,
Est fait pour la famille et pour le mariage.

Dans les nœuds de l'hymen il s'engage à vingt ans
Et se montre très fier d'avoir beaucoup d'enfants
Mais surtout des garçons hélas! la pauvre fille
Est toujours mal venue au sein d'une famille.. `

Sitôt qu'un fin duvet fleurit sur son menton,
Le jeune homme avec soin choisit dans le canton
Celle qui doit bientôt partager sa tendresse
Et son choix n'est jamais dicté par la richesse
J'entends celle de l'or trop rare est celle-là.
Mais il est d'autres biens qu’il estime au delà
L'honneur, premier besoin de son âme ombrageuse;
Puis de cousins germains une suite nombreuse.
Mais pourquoi ces cousins ?.. Ce sont autant d'Argus,
Qui de la jeune fille ont gardé les vertus.
Contre les ennemis ce galant apanage
De sa protection assure le ménage.

Et des époux enfin c'est la garde d'honneur,
Qui sera leur cortège au jour de leur bonheur.

__________________


Yves BONNEFOY

LA MAISON NATALE

Je m’éveillai, c’était la maison natale,
L’écume s’abattait sur le rocher,
Pas un oiseau, le vent seul a ouvrir et a fermer la vague,
L’odeur de l’horizon de toutes parts,
Cendre, comme si les collines crachaient un feu
Qui ailleurs consumait un univers.
Je passai dans la véranda, la table était mise,
L’eau frappait les pieds de la table, le buffet.
Il fallait pourtant qu‘elle entrât, la sans-visage
Que je savais qui secouait la porte
Du couloir, du côté de l’escalier sombre, mais en vain,
Si haute était déjà l’eau dans la salle.
Je tournai la poignée, qui résistait,
J’entendais presque les rumeurs de l’autre rive,
Ce rire des enfants dans l’herbe haute,
Ces jeux des autres, a jamais des autres, dans leurs joies.
__________________

Adrien CANNAMELA (Poète Corse contemporain talentueux)

FÊTE DE LA LUMIÈRE

Fête de la lumière, un spectacle inédit :
Que me font le ciel bleu, le soleil, les calanques
Où pourtant ce décor de beauté resplendit
Car les jours privés d'eux ne seront que des "manques" !

Le domaine jadis du Seigneur de Loca,
Le charme de Piana, village pittoresque,
La tour Capo Rosso, la forêt de Lonca,
L'ocre de ces maisons, pentes en arabesques.

A la "Tête de chien", Chemin des muletiers,
La Marine d'azur "Ficajolà" sauvage,
Le fort de "Castagna", dédale de rochers,
Ce site minéral, un tableau d'un autre âge !
__________________

Adrien CANNAMELA (Poète Corse contemporain talentueux)

RÊVE CORSE

Quand scintille de l'or sur les versants ombrés,
Lorsque le crépuscule enflamme la montagne,
Quand le flot endormi prend des reflets nacrés
Dans ce cadre de paix, c'est le spleen qui me gagne.

Je voudrais partager dans cette solitude
Les frissons effleurés de mon émotion,
Je renais à la vie, aucune certitude
N'encombre mon esprit : humble dévotion...

Car seul ô Toi Seigneur as pu créer pour nous
La suprême harmonie où nul être se lasse.
Et devant ce miracle on se met à genoux
Découvrant, étonné, l'Œuvre qui nous dépasse.
__________________

FIN


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