L'inspecteur à la ferme 7

L’inspecteur à la ferme 7,
Et sur ces réflexions, il finit par tomber dans les bras de Morphée. Mais son sommeil fut très agité. Cette enquête s’avérait difficile et sa nuit fut peuplée de cauchemars. Il rêva de kidnapping, de meurtres, de commerce illicite d’alcool, de règlements de compte dans le Milieu… il se réveilla en sueur à plusieurs reprises et mal à l’aise, il décida de se lever : l’aube pointait derrière le store et il avait la hantise de retomber dans ces rêves sordides. Il passa dans la salle d’eau pour faire ses ablutions, remit ses cheveux en place et se changea de vêtements. La journée pouvait commencer : il était fin prêt. Il se fit couler un arabica avec sa vieille cafetière. Il ouvrit son ordinateur à la page de la veille et chercha méticuleusement les avis de recherche. Et bingo, il y trouva un message intéressant en ce qui concernait la jeune fille. Celui-ci venait d’un internaute et il paraissait crédible. Apparemment, cette demoiselle s’appelait Mélissa DUROIT âgée de vingt ans et résidant à Pontarlier, capitale du Haut Doubs. Elle n’avait plus donné de nouvelles à sa famille depuis deux semaines. Il s’agissait peut-être d’une fugue comme il s’en produisait malheureusement chaque jour. En tant que majeure, elle avait le droit de partir sans laisser d’adresse. Fort de ces informations à vérifier avec précaution, l’inspecteur prit note sur son portable et contacta via internet le site Mydetective pour faire des recherches plus approfondies et pouvoir la convoquer au commissariat. Il semblait à l’inspecteur qu’elle était le pivot de cette histoire malsaine. Mais que représentait-elle dans ce trio de fermiers agricoles ? Etait-elle de la famille ou simplement une rencontre due au hasard ? Se pouvait-il qu’elle fut la petite amie d’un des trois ? Etait-elle encore en vie ? Tout ceci sentait mauvais et l’inspecteur avait hâte d’en savoir davantage. Il n’avait pas suffisamment d’éléments à sa disposition pour inculper les deux prévenus. L’inspecteur n’était pas au bout de ses peines et il le savait. Dans ce monde de paysans, il était très difficile de faire parler les individus mais il semblait à l’inspecteur que ces deux-là vivaient à contresens de la modernité et de ses technologies. Il n’avait pas vu de tracteurs récents ni de trayeuses électriques : tout se faisait encore manuellement dans cette exploitation familiale et la précarité y semblait omniprésente. Comment pouvaient-ils survivre de cette façon face à la concurrence ? Mais il ne s’appesantit pas sur ce sujet : ce qui l’intéressait en priorité, c’était cet assassinat et la disparition de Mélissa. Il était persuadé que ces deux faits étaient liés. Alors l’inspecteur, fort de ses certitudes, appela le médecin légiste à son cabinet pour avoir de plus amples informations sur la victime et le sang retrouvé dans la pièce adjacente de la ferme. Qu’elle ne fut pas sa surprise d’apprendre qu’il n’appartenait pas à la victime ni aux prévenus. Il s’agissait d’un groupe sanguin rarissime AB- : les personnes porteuses de ce groupe pouvaient recevoir mais ne pouvaient pas donner. Alors à qui appartenait ce sang si rare : l’inspecteur commençait à avoir la nausée. Pourvu qu’il n’y ait point d’autres victimes dans cette métairie et que le sang trouvé ne fut pas celui de Mélissa. Il était si inquiet qu’il délégua une brigade cynophile pour inspecter la ferme de fond en comble. Il avait besoin de se rassurer et d’étayer son enquête qui ne semblait pas avancer.
C’est alors que le téléphone sonna : c’était la science balistique qui lui confirma que le projectile tire était peut-être celui du fusil de chasse en leur possession. Pour le prouver, il fallait retrouver la douille projetée pour la comparer avec les balles du fusil. Mais tout semblait à croire que ce fut bien l’arme du crime. Puis ce fut les gars du labo qui l’appelèrent pour l’informer que le portable appartenait bien à Sylvain Moutier et qu’il était quasiment neuf. Que faisait-il donc dans la maison des fermiers ? Et ils l’avaient fait parler ce téléphone : ils avaient relevé plusieurs appels en absence et SMS non lus venant d’un petit bourg près de Pontarlier datant de trois semaines. Se pouvait-il que ce fut de Mélissa ces messages sans réponses ? L’inspecteur fit faire un récapitulatif avec heures et géolocalisations de ces appels récupérés sur la carte SIM ainsi que tous les numéros rentrants depuis plus d’un mois. Il voulait s’assurer de ne rien oublier pour parfaire cette délicate enquête…
Lucienne le 16.02.2016