Pas de danse pour l'inspecteur 6

Pas de danse pour l’inspecteur 6
Son homme était un habitué des quartiers chauds. Et il avait été mêlé dans un cocktail détonant de drogues, de politique de quartier et de machines à sous. Il s’était fait épingler quelques années plus tôt pour la traite des blanches. Il avait purgé sa peine et depuis une dizaine d’années, il s’était fait tout petit. Il proliférait sans doute dans d’autres zones chaudes, à la faveur des bars, des hôtels, des maisons closes, peut-être jusqu’aux banlieues chics. L’inspecteur avait affaire sans doute à un homme de main, du menu fretin qui escortait les grands prédateurs des bas-fonds. Sans doute son cousin n’était-il pas étranger à son ascension dans ce milieu. Ils n’avaient que quelques années d’écart mais se ressemblaient comme des jumeaux : ceci expliquait, sans doute, sa méprise sur les lieux du crime. Peut-être même qu’ils s’étaient fait tatouer en même temps pour marquer leur lien de sang et leur déviance criminelle.
Mais, cela n’expliquait pas pourquoi il avait été abattu et ce que faisait Mathilda à ses côtés. Quels liens les unissaient ces deux-là et qui les avaient assassinés pareillement : cela ressemblait à une exécution sommaire du grand banditisme. Auraient-ils froissés des caïds de la pègre ? Savaient-ils quelque chose de dangereux pour l’organisation ? Etaient-ils en train de fomenter un mauvais coup ? Même un homme de peu d’importance ne peut se fondre dans la nature. Quand on est mêlé au milieu, d’une façon ou d’une autre, on en porte l’empreinte indélébile : il n’avait sans doute pas assez pris de précaution et il avait été retrouvé et abattu.
Il chercha des renseignements sur son informateur, en espérant qu’il ne soit pas mort, lui aussi : ça sentait la mafia, cette histoire et l’inspecteur n’aimait pas cela ! Il appela Interpol pour lui donner un coup de pouce : il n’avait pas droit à l’échec même pour des hommes de paille, il se devait de trouver les coupables.
Le médecin-légiste lui avait remis le dossier d’analyses : l’homme avait été abattu d’une balle dans la nuque. Avec ces nouvelles informations, l’inspecteur changea sa manière de voir l’enquête.
On n’applique pas le même plan avec des truands chevronnés qu’avec un père de famille paumé ou un drogué en sevrage : il avait tiré expérience de ces investigations précédentes et il marchait sur des œufs ! Le milieu ne lui ferait pas de cadeau et il décida de faire appel à la police des polices : le GIGN. Ils étaient aguerris et connaissaient bien cette faune.
Il repensa à l’analyse des ongles de son macchabée et aux résidus de terre et d’herbe. Il était sûr qu’il avait été forcé à tuer sa compagne, à l’inhumer de ses propres mains et abattu ensuite pendant qu’il finissait sa triste besogne. Aucune arme n’avait été retrouvée sur les lieux du double crime : du travail de professionnel, pensait-il ! Ça sentait mauvais, cette affaire et pas sûr qu’un petit flic comme lui conserve cette enquête, c’était un poisson trop gros.
Le téléphone le fit sursauter, tellement il était perdu dans sa réflexion ; Interpol avait retrouvé son homme, du moins sa trace. Il était en prison en Belgique pour faux et usages de faux, trafic de drogue et blanchiment d’argent ! Ceci expliquait pourquoi il n’avait plus de nouvelles de lui depuis plus de six mois.
Enfin, son affaire allait peut-être avancer : ne restait plus qu’à appliquer un plan d’action qui ne laisserait aucune part à l’improvisation. Avec la pègre, nulle erreur n’était admise…
Lucienne le 12.01.2016