PETIT LEXIQUE POÉTIQUE
LA POINTE
Dans un poème satirique, bucolique ou amoureux, comme le sonnet ou le madrigal, par exemple, c'est le nom donné à la formule finale portant tout l'esprit du morceau qu'elle résume ou condense en un vers, en une formule, en un mot.
Toute la force de l'épigramme se concentre dans la pointe. La pointe fut très à la mode au milieu du XVIIe siècle, chez les Précieux, en particulier. On la retrouvait presque partout pour montrer le bel esprit de l'auteur.
Examinant l'épigramme, Boileau constate qu'après le madrigal, les divers genres poétiques n'échappent pas à la mode de la pointe : le sonnet, la tragédie, l'élégie, la prose elle-même.
Ce mot vient du fait que la "pointe" doit "piquer" pour conclure l'épigramme, parfois dans un seul mot, comme dans ce quatrain de Bricoteaux-Vivran :
Certains talents se cachent bien.
Et si tu donnes de la prose,
Que nous montres-tu ? - Peu de chose ;
- Alors, que nous caches-tu ? - Rien.
Boileau, dans son "Art poétique" a écrit à ce sujet :
...
Jadis, de nos auteurs les pointes ignorées
Furent de l'Italie en nos vers attirées.
Le vulgaire, ébloui de leur faux agrément,
À ce nouvel appât courut avidement.
...
Un héros sur la scène eut soin de s'en parer ;
Et, sans pointe, un amant n'osa plus soupirer :
On vit tous les bergers, dans leurs plaintes nouvelles,
Fidèles à leur pointe encor plus qu'à leurs belles.
...
Mais, fuyez sur ce point le ridicule excès ;
Et n'allez point toujours d'une pointe frivole
Aiguiser par la queue une épigramme folle.
...
De nos jours, le Sonnet a maintenu cette tradition, et le poète est apprécié quand il termine son quatorzième vers par un trait d'exception.