André Laugier
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 |  Sujet: LA STICHOMYTHIE (Prosodie) Lun 4 Avr - 12:33 | |
| PETIT LEXIQUE POÉTIQUE
STICHOMYTHIE
On appelle stichomythie, du grec "stikhos" (vers) et "muthos" (parole), un dialogue dont chaque réplique ne compte qu'un vers Ce terme savant n'apparaît en français qu'en 1875, mais ce qu'il désigne existait depuis bien plus longtemps.
L'emploi du terme est étendu à un échange par hémistiches. On trouve l'utilisation de ,la stichomythie dans le théâtre classique, dans les tragédies comme dans les comédies. Un bel exemple de stichomythie se trouve dans "Polyeucte", dont voici un extrait :
PAULINE
Au nom de cet amour ne m'abandonnez pas.
POLYEUCTE
Au nom de cet amour daignez suivre mes pas.
PAULINE
C'est peu de me quitter, tu dois donc me séduire ?
POLYEUCTE
C'est peu d'aller au Ciel, je vous y veux conduite.
PAULINE
Imaginations !
POLYEUCTE
Célestes vérités !
Ou encore un autre exemple célèbre dans le dialogue entre Don Diègue et Don Gomèes, comte de Gormas, dans "Le Cid" de Corneille. Leur duel verbal prélude au duel véritable et mortel entre Rodrigue et le comte :
LE COMTE
Ce que je méritais, vous l'avez emporté.
DON DIEGUE
Qui l'a gagné sur vous l'avait mieux mérité.
LE COMTE
Qui peut mieux l'exercer en est bien le plus digne.
DON DIEGUE
En être refusé n'en est pas un bon signe.
LE COMTE
Vous l'avez eu par brigue, étant vieux courtisan.
DON DIEGUE
L'éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan.
LE COMTE
Parlons-en mieux, le roi fait honneur à votre âge.
DON DIEGUE
Le roi, quand il en fait, le mesure au courage.
LE COMTE
Et par là cet honneur n'était dû qu'à mon bras.
DON DIEGUE
Qui n'a pu l'obtenir ne le méritait pas.
Pierre Corneille, Le Cid, 1, 3. (1636)
La stichomythie s'accompagne souvent d'effets de structure (parallélisme, chiasme), liés à des effets de sens (antithèse, répétition).
On notera, pour conclure, que le dialogue en stichomythie conduit à l'utilisation de vers-maxime, des vers, il faut le préciser, de construction très nette et bien "frappés", appelés aussi "vers-médailles."
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La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André Laugier)
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