Les vacances de l’inspecteur 6

Les vacances de l’inspecteur 6,
Le repas terminé, il alla s’installer devant la télévision dans la salle adjacente. De magnifiques fauteuils en cuir noir, disposés en cercle autour d’une grande table basse en verre fumé trônaient devant un immense écran. Cela lui semblait assez confortable pour finir sa journée en beauté devant un tendre film romantique ou un documentaire animalier, voire une émission de variétés. Au lieu de ça, il ne trouva que des nanars, des films policiers invraisemblables, des discours politiques à n’en plus finir ou des reality-shows irregardables. Au bout d’une demi-heure, il décida d’aller se coucher, les yeux commençant à lui piquer. Il prit la sage précaution d’arrêter son portable pour ne pas être dérangé par des appels ni par la sonnerie du réveil automatique.
Cependant, il ne trouva pas le sommeil immédiatement. Il repensa à l’enquête en cours, essayant d’élucider l’énigme des indices récupérés sur les lieux : une seringue à demi pleine d’un liquide jaunâtre, des mégots à moitié consommés et une bague en or qui paraissait de grande valeur. Aux premières constatations, la jeune fille ne portait pas d’hématomes ni de blessures apparentes, les appels à témoins n’avaient rien donné pour le moment et la voiture signalée n’était pas du coin. Mais, n’ayant pas répondu à l’appel de la brigade, peut-être avait-il raté quelques infos supplémentaires. Néanmoins, que faisait ce jeune couple perdu dans cette campagne isolée et que s’était-il donc passé ? Une querelle d’amoureux qui avait mal tournée paraissait, à priori, la seule explication plausible. Mais pourquoi la victime ne s’était-elle pas défendue face à son agresseur ? Ce pouvait-il que ce fut un jeu sado maso qui les avait dépassés ?
Il en était là de ses supputations quand le sommeil le rattrapa : il s’endormit comme une masse sans réponses à ses interrogations. Il serait plus en forme après une bonne nuit de repos pour réfléchir sereinement. La nuit porte conseil, dit-on ! Et il aurait plus d’informations avec les résultats de l’autopsie et les relevés d’empreintes. Identifier la victime était essentiel pour faire avancer l’enquête et pour demander une recherche dans l’intérêt des familles. Sans ces éléments de base, elle piétinerait et le ou les coupables ne seraient pas retrouvés.
C’est le grand jour qui le sortit de sa léthargie nocturne : il avait oublié de baisser le store et le soleil tapait de ses rayons puissants à travers la vitre sur son visage. Il remit son portable en fonction et se rendit compte qu’il était déjà quinze heures. Encore une bonne et grasse matinée de gagnée, se dit-il ! Cela valait pour toutes ces nuits passées à ne pas fermer l’œil, dans son bureau exigu, glacial l’hiver et caniculaire l’été, à potasser ses dossiers, à élucider des affaires ou être réveillé tout azimut par ses subalternes.
Avant de passer par la salle de bain, il regarda ses appels manqués. La brigade de gendarmerie lui avait laissé des messages de toute première importance. Le résultat de l’autopsie était tombée, la voiture retrouvée dans un fossé du côté de Lausanne et son détenteur localisé dans le canton de Neuchâtel en Confédération Helvétique. Il appela son homologue pour se mettre en rapport avec Fedpol, la police fédérale suisse afin d’interpeler le suspect présumé à son domicile, tout du moins le témoin principal de l’affaire.
L’inspecteur était très satisfait des résultats obtenus : ses renseignements sur le terrain avaient porté leurs fruits et son alter égo avait rondement mené l’enquête. Ils ne leur restaient plus qu’à retrouver le propriétaire du véhicule, l’interroger sur sa soirée en tête à tête avec la victime pour clore définitivement ce dossier. Cependant, il tenait à savoir les tenants et aboutissants de cette affaire.
Les vacances de l’inspecteur pourraient alors commencer. Il avait encore quatre jours de répit avant de repartir dans ses investigations personnelles.
Lucienne le 17.01.2016