Pas de danse pour l'inspecteur 2

Pas de danse pour l’inspecteur 2,
Mais la tâche s’avérait plus compliquée que prévue. Sous un ciel presque vermeil, les nuages se noircirent soudain et un orage de grêlons et de pluie glaciale tomba dru sur la scène du crime : pas un abri aux alentours. L’inspecteur vociféra ; ses chaussures de danse allaient prendre un coup de vieux. Son manteau n’allait pas suffire pour les protéger. Ses hommes lui tendirent un parapluie, avec le sourire : à n’en pas douter, le vent qui soufflait violemment allait le plier en deux. Et dans la foulée, une tempête d’eau balaya les feuilles mordorées du petit chemin de terre, emportant avec elles des indices essentiels. Mais le policier n’avait pas dit son dernier mot ; son énergie redoubla et il demanda à ses hommes des couvertures de survie pour épargner les lieux du déluge. Il fit appel à ses dernières ressources techniques et spécialisées en recherche : les chiens de la section cynophile qui étaient habitués à ce genre de catastrophe. Il resterait dans les coulisses pour surveiller et diriger la fouille à la découverte de la moindre trace indicible utile à son enquête.
Pour l’heure, il grignota quelques gâteaux secs exquis qu’il trempa dans une bonne rasade de bourbon ; la nuit allait être longue et froide : une façon comme une autre de se réchauffer ! Ce soir ne lui était pas favorable, au vu des intempéries et du peu d’hommes sur le terrain.
Il alla s’assoir dans la voiture de police et prit sa plume et un papier pour noter ses premières impressions. Le cadavre n’était pas inconnu à ses services et c’était un bon début : restait à savoir pourquoi il avait été assassiné et depuis quand il se trouvait dans cette endroit reculé. Ce site était impraticable, difficile d’accès et assez étendu pour n’en pouvoir faire le tour à pied : un engin motorisé avait donc servi au transport du corps mais la pluie noyait toutes les empreintes.
Son regard ne pouvait plus embrasser la scène de crime, cachée par un rideau de pluie. Et le vent qui s’engouffrait sous le véhicule lui donnait la désagréable impression d’être sur un bateau. Le masque serein de son visage se transforma en inquiétude : il avait la phobie des orages et ne pouvait en parler à personne au risque d’être ridicule.
Il ferma momentanément les yeux et s’imagina sur la piste de danse, au bras d’une belle inconnue…
Lucienne le 09.01.2016