André Laugier

Messages : 7147 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 81 Localisation : Marseille
 | Sujet: La contrerime (Prosodie) Ven 10 Juil - 17:56 | |
| PETIT LEXIQUE POÉTIQUE
LA CONTRERIME Les contrerimes ont une forme qui rappelle l'ïambe, l'alternance des mètres, mais un vers court rime avec un vers long, et réciproquement. Il s'agit d'une structure strophique utilisée notamment par le poète Paul-Jean TOULET qui l'utilisa dans son recueil "Contrerimes", paru en 1921. D'autres poètes l'ont illustré avant lui, comme Apollinaire dans l'un de ses "Poèmes à Lou".
Cette forme à pour effet d'introduire pour l'oreille un subtil déséquilibre qui convient souvent à l'expression d'une discrète mélancolie.
Mon bel amour, que vous voici En deçà de ma peine, Offensée un peu, triste à peine, De mon souci.
Marcel ORMOY in "Les Poètes Fantaisistes" C'est, précisément chez les "Fantaisistes" qu'elle fut mise à l'honneur. Pourtant elle date de bien avant puisqu'on la trouve, par exemple, dans un poème que Scarron adressa à la Reine pour solliciter le paiement par trop différé d'une pension promise à cause de son infirmité. On constatera que les six strophes de son poème sont des ïambes à mesures traditionnelles (8, 12 syllabes), mais les rimes réunissent toujours un vers court et un vers long :
À LA REINE
Reine dont la compassion Me rend, depuis trois ans, mes malheurs supportables, Faites-moi mettre aux Incurables, Ou faites-moi bientôt payer ma pension. Pour servir votre Majesté, Je fais ce que je puis pour être bien malade ; Je mangerai poivre et salade Si vous trouvez encor que j'ai trop de santé.
Paul SCARRON. In "Oeuvres burlesques" 1648. Un ami de Lamartine, sur ce principe, lui avait fait parvenir le quatrain suivant :
De peine, de chagrin, de soucis, de tourment, Se compose la vie. Heureux qui dans le sein d'un ami, d'une amie, Les dépose un moment.
Aymon de VIRIEU. In "Lettre à Alphonse de Lamartine". (1809). La qualité littéraire des "Contrerimes" de Paul-Jean TOULET les a imposées comme modèle canonique.. _________________ La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André Laugier)
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