André Laugier
Messages : 7152 Date d'inscription : 25/01/2015 Age : 81 Localisation : Marseille
| Sujet: L'assonance (Prosodie) Ven 1 Mai - 11:27 | |
| PETIT LEXIQUE POÉTIQUE
L'ASSONANCE Sous ce terme deux fait différents sont regroupés. Ils concernent, d'une part, la "stylistique", et secondement la prosodie"
En stylistique, la répétition remarquable d'un même phonème vocalique. Ce peut être la répétition simple d'une même voyelle, comme dans ce vers de "PHÈDRE" où l'assonance en "i" souligne les quatre accents de l'alexandrin :
Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire.
Mais ce peut être aussi une combinaison de différentes voyelles qui peuvent alterner ou obéir à un effet de "chiasme", comme BAUDELAIRE, où les phonèmes remarquables de l'assonance sont également sous l'accent :
Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés
Il arrive souvent que les "assonances" soient mêlées à des allitérations : ainsi dans ce vers du même poème de BAUDELAIRE où le "chiasme", cette fois-ci, est réalisé par des phonèmes vocaliques et consonantiques :
Tout mon être obéit à ce vivant flambeau
En prosodie, il s'agit d'un phénomène d'homophonie finale de vers : c'est la répétition de la même dernière voyelle tonique, quelles que soient les consonnes éventuelles qui suivent.
L'assonance a été le premier système de liaison entre les vers elle prédomine entre le IVe et le VIIIe siècle. Les poèmes les plus anciens sont assonancés. C'est le cas, par exemple, de la Séquence de Sainte Eulalie (fin Xe siècle), de Saint Léger (début XIe siècle), et des premières chansons de geste.
Le recours à l'assonance reste prédominant dans la poésie médiévale du XIe au XIIIe siècle ; elle assure la continuité de "laisses" de quatre à trente vers, chacune étant caractérisée par une même voyelle répétée en assonance, qui changeait à la "laisse" suivante, avec également un changement dans la narration.
On la retrouve dans le "vers moderne" mêlée aussi à d'autres sortes d'homophonies finales, ainsi que dans ce quintil de "La Chanson du Malaimé" de Guillaume APOLLINAIRE (Alcools) :
Un soir de demi-brume à Londres Un voyou qui ressemblait à Mon amour vint à ma rencontre Et le regard qu'il me jeta Me fit baisser les yeux de honte.
Il s'agit d'une "assonance" enon qui relie Londres, rencontre et honte. elle est accompagnée d'une "contre-assonance" en "consonnes dentales" qui court dans les cinq vers : d'abord une sonore (Londres), puis quatre sourdes (ressemblait ; (rencontre) ; (jeta) ; (honte). Ajoutons qu'une autre, en "r", relie Londres et rencontre
La rime ressemblait à / jeta est une "rime équivoquée".
SOURCE :"Dictionnaire de poétique", de Michèle AQUIEN (Le Livre de poche, 1993)
_________________ La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André Laugier)
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