La maison morte (Maurice Laupies) et Soleil intérieur 2 poèmes magnifiques.

La maison morte



Elle est là, dans le soir qui la dore ; elle est morte..
Elle est morte et pourtant elle reste debout ;
Elle attend et j'attends comme elle et malgré tout,
Que le chien me découvre et que le maître sorte.

Ils ont tué le chien, ils ont fermé la porte,
Puis ils s'en sont allés dans le grand soleil d'Août,
La lèvre frémissant d'on ne sait quel dégoût...
Mais les morts, les vieux morts, est-ce qu'on les emporte ?

Les morts, ils sont restés pour garder la maison,
Et parfois dans l'horreur de l'extrême saison,
S'en venir lentement par la route odieuse,

Après avoir humé la pluie et bu le vent
Et caressé les murs d'une main anxieuse,
S'en venir, eux les morts, pleurer sur les vivants.

 

Maurice-Marie de Trescol
(7 Novembre 1943)

Soleil intérieur


J’aime les pauvres soirs d’automne finissant,
Ces soirs-là qu’il faudrait saisir et baiser, j’aime
Leur usure infinie et leur pudeur extrême,
Et ce je ne sais quoi qu’ils ont de frémissant,

Qui reparait à la même heure et si puissant
Que ma tête s’appuie à la fenêtre blême
Et que mon triste cœur se penche sur lui-même
Et que toute la paix de l’ombre en lui descend…

L’humble recueillement glisse dans le ciel calme,
La nuit, la chère nuit épanouit sa palme,
Un mystique soleil se lève à l’horizon

Et le bleu souvenir émergeant de la brume
Monte, et d’un grand coup d’aile emplissant ma prison,
Silencieusement la dore et la parfume.

M.M de Trescol

Pp
Maurice Laupies