"Le chien" suivi de "Que savez-vous donc "

A tous ceux qui (comme moi) aiment ce qu'on appelle abusivement des "bêtes".
Le premier sonnet est une histoire vraie...

Le chien

Le chien est revenu mourir dans la masure.
Il s'en est revenu, furtif, du fond des bois.
Le chien n'a pas gémi, ni poussé un aboi.
Il s'en est revenu aux temps de la froidure.

Il s’est couché au fond sous une voûte obscure
Près de la cheminée où reste un peu de bois,
Avec un peu de cendre, où il fait si grand froid
Quand la bise d'hiver infiltre sa morsure.

Le chien est resté là sans manger ni dormir,
Allongé sur le flanc, sans vouloir repartir.
Le chien est revenu garder ce cimetière.

Un beau matin de gel, en passant par hasard,
Je l'ai trouvé figé, avec des yeux de pierre.
Il y avait de l'amour au fond de son regard.



Que savez-vous...


Et que savez-vous donc, sublimes animaux,
Et que savez-vous donc qu'à jamais on ignore ?
Que chante le pinson quand se lève l'aurore
Et que dit le hibou aux soirs sombres et beaux ?

Je voudrais bien savoir ce que voient les crapauds,
Ce que perçoit le chat qui guette et guette encore,
Assis sur son séant, quelle présence adore
Ce chien si attentif à de lointains échos.

Quels secrets les oiseaux cachent-ils dans leurs ailes ?
Quels pensers, quels amours cèlent les tourterelles
Roucoulant à l'aurore, au beau lever du jour ?

Et qui pourra savoir, et qui pourra connaître
Combien de sentiments et de tonnes d'amour
Un petit aboiement a pu faire paraître ?