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 Le "E" caduc (Prosodie)

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André Laugier

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MessageSujet: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptyMar 10 Fév - 8:29



PETIT LEXIQUE POÉTIQUE

LE "E" " CADUC

On dit aussi le E MUET, ou ATONE, ou INSÉCABLE car son instabilité pose un problème majeur de diction. Dès règles très précises ont permis, jusqu'à la fin du XIXe siècle, de le résoudre, mais ces règles elles-mêmes sont étroitement liées à l'histoire de la prononciation de l' E.

À toutes les époques, il s'est élidé à l'intérieur du vers devant une voyelle. En ancien français, on prononce tout "E" en "E" sourd. Après une voyelle, à l'intérieur du vers (sauf cas d'élision devant une autre voyelle), il est compté, comme dans l'exemple ci-dessous, de ce décasyllabe extrait de la "Ballade pour prier Notre Dame" de François VILLON.


- "De lui soi-ent mes péchés abolis". ("soi/ent" prononcé en diérèse).


Le "E" caduc joue un grand rôle dans la versification classique, et un rôle non négligeable dans la bonne utilisation du vers libre, également. À tous les titres, le "chant de la poésie" est proche de l'incantation, et le "E" muet joue parfaitement son rôle dans la partition poétique. On en a encore quelques exemples célèbres quand ce "E" muet" devait être prononcé, placé devant une consonne, même quand il venait à la fin d'un mot, après une voyelle tonique.


- "Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés". ("Pi/es : en diérèse).


Il convient de prononcer PI-ES (deux syllabes) pour conserver les dix syllabes du célèbre décasyllabe de VILLON.

Cette tradition s'est maintenue assez longtemps. On la trouve encore au XVIIe siècle, dans ce vers de François MALHERBE :


...
Anthée dessous lui la poussière mordit. ("An/thé/e/ : 3 syllabes)
...


De nos jours, la poésie a évolué. Si nous lisons ce distique de SCARRON, où le "E" de S'écri-e-t-il, est prononcé, on se rend vite compte que cela suscite une prononciation devenue "artificielle" pour nous :


...
Je suis malade de la Reine
S'écri-e-t-il, tout rechigné.

Aujourd'hui, on orthographie : "S'écrit-t-il" et, par conséquent, il n'y a que 3 syllabes au lieu de 4 comme dans l'exemple ci-dessus.


Pour échapper à cette tradition devenue désuète, les classiques prirent soin de placer ce "E" muet final d'un mot au singulier, quand cet "E" situé après une voyelle tonique ne se prononçait pas devant un mot commençant par une voyelle. On suscitait, de la sorte, une situation graphique simulant une élision.

On peut aisément comparer l'utilisation des mots Anthée par MALHERBE et Atrée par RACINE à environ soixante-quinze ans de distance :


...
Oui, vous êtes le sang d'Atrée et de Tyeste.

("A/tré/(e)" = 2 syllabes seulement. Le dernier (e) est muet.


LA FONTAINE, lui aussi, se plia à la nouvelle règle. Nous en avons un parfait exemple dans sa fable "Le Chêne et le roseau" :


- Je plie et ne rompts pas. ("Pli(e)" = 1 syllabes : le (e) est muet)


Dans un alexandrin classique, séparé en deux hémistiches, le "E" muet ne peut donc pas se trouver, en théorie, au sixième temps qui est accentué. Il peut se trouver, en revanche, à la septième syllabe de l'alexandrin s'il est suivi par une voyelle entraînant une élision :


- C'est traîner trop longtemps ma vie et mon supplice :
Il faut que je l'enlèv(e), ou bien que je périsse.

Jean RACINE


L'élision se fait aussi devant un "H" aspiré : Votr(e] honneur.

Par contre, dans le vers ci-après de Victor HUGO, le "E" de âme doit être compté puisqu'il n'est pas suivi d'une autre voyelle. Le mot âme compte donc pour deux syllabes : Â/ME/


- Et leur âme chantait dans les clairons d'airain...


La diction du poème n'en est pas pour autant simplifiée. Elle doit, au contraire, être préparée par une lecture attentive et un soin particulier porté aux intentions stylistiques. Dans le texte des chanson, les faits d'apocope et de syncope sont souvent marqués par une apostrophe mise à la place de l' "E" non prononcé.

Exemple :

- Une descent' de lit en peau d'renne,
D'la rein' qu'est mort', la pauvre reine !

Alfred JARRY


Je m'abstiendrai de faire un commentaire sur ce dernier genre d'écriture où la musicalité des vers me paraît bien grignotée.

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MessageSujet: Re: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptyMar 10 Fév - 8:43


EN CONCLUSION

Dans la prosodie des XVIe et début du XVIIe siècle les mots terminés par une double voyelle se prononçaient en diérèse, comme, par exemple les mots « cri/e/ », « gai/e/ », « plai/e/ », « calomni/e/ ».

Aux temps de La Boétie, de Jean Bertaut, de Chassignet ou encore de Saint-Amant, pour ne citer qu’eux, cette règle de la double prononciation de voyelles se suivant appartenait aux canons de la prosodie courante. Ces procédés sont aujourd’hui obsolètes. Depuis Malherbe les choses ont bien changé, parce que justement la grammaire à changé, parce que l’orthographe est différente, et parce que les prononciations de la langue ne sont plus les mêmes.

Aujourd’hui, et tout en respectant strictement les règles et les applications de la prosodie, la prononciation du français s’étant évidemment modifiée depuis le Moyen-Âge jusqu’à nos jours, tous ces mots que je viens de citer plus haut (comme tous les termes s’écrivant à la fin avec deux voyelles) se prononcent en une seule syllabe, la seconde étant élidée dans tous les cas de figure.

Victor Hugo nous donne un bel exemple de ce qui pourrait être considéré comme un hiatus dans ce quatrain :

Enfants, dans vos yeux éclatants
Je crois voir l’empyrée éclore ;
Vous riez comme le printemps
Et vous pleurez comme l’aurore.

On peut considérer qu’il y a hiatus lorsque le son « accroche » l’oreille, comme par exemple dans ce vers d’un ami de Boileau, mais qui demeure un bel exemple d’hiatus expressif :

- « Après bien du travail le coche arrive au haut

ou encore dans ce vers du même de La Fontaine : - « Ô vent donc, puisque vent y a »

L’un des vers le plus célèbre de Victor Hugo est censé de ne renfermer d’hiatus, grâce à un « s » qui assure une liaison. Mais quand on disait ce poème dans toutes les écoles françaises, pratiquait-on la liaison l’évitant ?

- « Mon père ce héros au sourire si doux ».

Réf : "Dictionnaire de la Poésie Française" Ed Fayard. 2006.
"Dictionnaire de Poétique". Librairie générale française. 1993.

"Dictionnaire de poétique". Ed Belin. 2006.





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MessageSujet: Re: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptyMar 10 Fév - 18:09

la seconde étant élidée dans tous les cas de figure


Une petite précision ami André

Tu dis que la seconde voyelle doit être élidée dans tous les cas.

Raconte une autre vie dont le cœur s'est enfui = 12 syllabes
MAIS Faut-il élider absolument ( la seconde voyelle) le e de vie ? exemple : Raconte une autre vie où le cœur s'est enfui

Le passé se lamente et crie son impotence =12 syllabes
MAIS Doit-on élider absolument( la seconde voyelle)  le e de crie ?

Leurs pas s'éloigneront en pensée monotone = 12 syllabes
MAIS Doit-on élider le e ( la seconde voyelle) de pensée ? Exemple : leurs pas s'éloigneront en pensée éphémère


J'avoue me perdre un peu dans les méandres prosodiques  riencompris

bisounours
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MessageSujet: Re: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptyMar 10 Fév - 18:33

Cher André, avez-vous lu mon post sur la règle du e muet, j'aimerais avoir votre avis éclairé.
Je pense que le vers suivant "Après bien du travail le coche arrive au haut" ne contient pas d'hiatus car la diphtongue précédant le h et celle le suivant sont la même. Je cite un autre exemple de J. de la Fontaine à ce sujet dans mon post.
Bonne soirée ami poète.

PL

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MessageSujet: Re: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptyMar 10 Fév - 21:35

fripou a écrit:
la seconde étant élidée dans tous les cas de figure


Une petite précision ami André

Tu dis que la seconde voyelle doit être élidée dans tous les cas.

Raconte une autre vie dont le cœur s'est enfui = 12 syllabes
MAIS Faut-il élider absolument ( la seconde voyelle) le e de vie ? exemple : Raconte une autre vie où le cœur s'est enfui

Le passé se lamente et crie son impotence =12 syllabes
MAIS Doit-on élider absolument( la seconde voyelle)  le e de crie ?

Leurs pas s'éloigneront en pensée monotone = 12 syllabes
MAIS Doit-on élider le e ( la seconde voyelle) de pensée ? Exemple : leurs pas s'éloigneront en pensée éphémère


J'avoue me perdre un peu dans les méandres prosodiques  riencompris

bisounours

Pour répondre à ta question, FRIPOU :

"Raconte une autre vie dont le cœur s'est enfui". (12 syllabes).

"Vie" se prononce en synérèse (comme s'il n'y avait pas de "E" à la fin du mot. Par conséquent le mot "vie" (dans tous les cas) compte pour UNE seule syllabe.

"Raconte une autre vie où le cœur s'est enfui" (12 syllabes, aussi).

Le mot "vie" qu'il soit devant une consonne ou devant une voyelle se prononce TOUJOURS en UNE seule syllabe.

C'est pareil pour le "E" de crie. Je décompose le vers, ci-dessous, en mettant une barre de fraction pour chaque syllabe :

"Le/ pa/ssé/ se/ la/ment/(e) et/ cri/(e) son/ im/po/tenc/(e).

Il y a bien 12 syllabes dans ce mètre. J'ai mis entre ( ) tous les "E" muets.

"Leurs pas s'éloigneront en pensée monotone."

Oui, le "E" de "pensé(e) est muet. On dit pen/sé/(e) en 2 syllabes, dans TOUS les cas de figure.

"Leurs pas s'éloigneront en pensée éphémère". (Ce vers est parfait : il a 12 syllabes, puisque là, le "E" de "pensé(e), s'élide étant donné qu'il est placé devant une autre voyelle : celle du mot "éphémère".

De toute manière on dit : "pen/sé/(e) en 2 syllabes, et non "pen/sé/e/ en 3 syllabes.

Je pense avoir répondu à tes attentes. N'hésite pas à m'interroger si tu as d'autres doutes. Dans la mesure de mes connaissances, et dans le respect de la prosodie qui figure dans les ouvrages de référence, je ferai en sorte de te renseigner.



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MessageSujet: Re: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptyMar 10 Fév - 22:29

Cher André. nous avons bien compris que vie= 1 syllabe que rire = 1 syllabe
Le nombre de syllabes est certes important mais telle n'était pas la question que nous souhaitions voir éclaircie...

La question était faut-il ÉLIDER

Dès que le mot se finit par e faut-il OBLIGATOIREMENT ÉLIDER

Raconte une autre vie dont le cœur s'est enfui =  le mot DONT ne serait donc pas bon et rendrait faux le vers car il faudrait obligatoirement ÉLIDER le mot VIE.
C'est bien ce qu'il faut faire , n'est ce pas ?

Raconte une autre vie le cœur s'est enfui.
Je viens en mettant d'élider vie


Comme le mot pens avec les 2 voyelles ée doit aussi être élidé. pensée monotone n'est pas bon !
Monotone commençant par un  m n'élide pas pensée.

Voila ce que nous aimerions voir précisé afin de mieux comprendre les données du problème.
Bises et merci André.

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MessageSujet: Re: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptyMer 11 Fév - 10:00

Flamme a écrit:
Cher André. nous avons bien compris que vie= 1 syllabe que rire = 1 syllabe
Le nombre de syllabes est certes important mais telle n'était pas la question que nous souhaitions voir éclaircie...

La question était faut-il ÉLIDER

Dès que le mot se finit par e faut-il OBLIGATOIREMENT ÉLIDER

Raconte une autre vie dont le cœur s'est enfui =  le mot DONT ne serait donc pas bon et rendrait faux le vers car il faudrait obligatoirement ÉLIDER le mot VIE.
C'est bien ce qu'il faut faire , n'est ce pas ?

Raconte une autre vie le cœur s'est enfui.
Je viens en mettant d'élider vie


Comme le mot pens avec les 2 voyelles ée doit aussi être élidé. pensée monotone n'est pas bon !
Monotone commençant par un  m n'élide pas pensée.

Voila ce que nous aimerions voir précisé afin de mieux comprendre les données du problème.
Bises et merci André.

Bonjour Chère FLAMME,

Mais j'ai répondu à la question, puisque le mot "vie" se prononce toujours en synérèse (1 syllabe).  On ne peut pas élider le "E" puisque c'est comme s'il n'existait pas. Il est muet. Que le mot "vie" se trouve devant une autre voyelle ou une consonne il se prononcera en un seul pied.

Par contre, à l'hémistiche ou en fin de vers les mots féminins, comme "chance", "splendide", "échéance", "silence", "promise",  "puce", "instruite", chêne, "mystique", etc... (autrement dit tous les mots terminés par une syllabe simple et non répétée), ont le "E" final "élidé" s'ils sont placés juste devant un autre mot commençant lui aussi par une voyelle.

Exemples :

"Dans une lumineus(e) et mouvante vapeur".

Le "E" de "lumineuse" est élidé à l'hémistiche puisqu'il est suivi du mot "et" commençant par un autre "E".

De même :

"Oh ! silence, que seul(e) interrompra là-bas
Derrière le taillis, celle qu'on ne voit pas..."

Le "E " de "seule" est élidé à l'hémistiche car il est suivi de la voyelle "I" du mot "interrompra".

Dans le vers ci-dessous il y a une "élision" à l'hémistiche et un "E" muet en fin de vers :

"Avec lenteur la lun(e) automnale se lèv(e)".

Le "E" de "lune" est élidé par la voyelle "A" du mot "automnale"", et le verbe "lève" (rime féminine) terminant le vers, le "E" de "lève", lui, est muet.

Par contre, si l'ont écrit, et pour en revenir à ces mots terminés par deux voyelles qui se suivent :

"J'ai, contre cette vie infâme, des colères,
Et parfois, torturé par les Démons savants..."

le mot "vie" étant considéré comme une synérèse (puisque le "E" ne se décompte pas), il ne faut surtout pas se préoccuper de lui et oublier totalement ce "E". C'est comme s'il n'existait pas. Il en est de même pour "gaie", pour "plaie", pour "joie"; pour "nue", pour "joue", pour "crie", etc ; etc. Tous ces mots qui se prononçaient autrefois en 2 syllabes, sont, aujourd'hui, des synérèses.

Peu importe que ces mots soient suivis d'une consonne ou d'une voyelle, il suffit seulement de raisonner comme si "E" de la fin n'existait pas.

Par conséquent, le vers suivant ne contient aucune erreur :

"Raconte une autre vie dont le cœur s'est enfui"

De même :

"Raconte une autre vie où le cœur s'est enfui"

est tout à fait correct. On peut mettre "dont" ou mettre "où". Il n'y a faute ni dans l'un, ni dans l'autre.

GROS  bibi2

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MessageSujet: Re: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptyMer 11 Fév - 13:30

Merci d'être patient. J'ai désiré avoir ces explications car comme tu nous l'avais demandé , je t'ai envoyé par mail le poème de Fripou, mais tu as du oublier d'aller sur tes messages.

Très bien André, écrit noir sur blanc , si l'on ne désire pas élider "vie" ainsi que "gaie",  "plaie",  "joie";  "nue",  "joue",  "crie", etc on n'a aucune obligation de le faire. Merci.

Merci et bonne journée. Bises

Pierrot vient de me dire que tu as oublié de lui répondre sur le salon de prosodie, entre nos discussions. Quand tu auras le temps....

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MessageSujet: Re: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptyMer 11 Fév - 18:26

Flamme a écrit:
Merci d'être patient. J'ai désiré avoir ces explications car comme tu nous l'avais demandé , je t'ai envoyé par mail le poème de Fripou, mais tu as du oublier d'aller sur tes messages.

Très bien André, écrit noir sur blanc , si l'on ne désire pas élider "vie" ainsi que "gaie",  "plaie",  "joie";  "nue",  "joue",  "crie", etc on n'a aucune obligation de le faire. Merci.

Merci et bonne journée. Bises

Pierrot vient de me dire que tu as oublié de lui répondre sur le salon de prosodie, entre nos discussions. Quand tu auras le temps....  

J'ai regardé dans mon courriel, et même dans les "éléments supprimés" au cas où j'aurais fait une manipulation maladroite, mais je n'ai pas trouvé le poème de FRIPOU. Je suis allé dans les MP du forum mais je n'ai aucun message. Je ne sais pas où il a pu passer.

Quoi qu'il en soit, il appartient au Poète de décider lui-même s'il désire appliquer ou non cette règle étant donné qu'il reste libre de ses propres idées et considérations. Soit on oublie une fois pour toutes la seconde voyelle de ces mots cités ci-dessus, comme je le fais puisque j'écris en "classique", soit on ne les élide pas, comme tu en parles ci-dessus, en conservant la prononciation "ancienne" de ces mots en deux syllabes, exactement comme dans ces exemples de vers ci-dessous, extraits de poème de poèmes de LA BOTIE :

"Et puis l'on m'avertit que je ne crie point"

"Vois-tu comme à leur gré les vents se jouent d'elle"

"Je vois sauter dedans la gaie liberté".

Je tiens quand même à préciser un élément IMPORTANT. En utilisant cette façon de décompter les syllabes, il faudra, dans un concours poétique écrire les vers dans la langue du XVIe et XVIIe siècle pour que cette forme soit prise en considération. Sinon le jury a de fortes chances de sanctionner de tels vers, aujourd'hui, qui seront considérés comme étant des endécasyllabes.

On sait que le langage a changé, et à moins d'être très averti, ill faudra, par exemple, utiliser "Ores" au lieu de tantôt, "estrif" pour le mot combat, "départir" pour séparer, "oncq " pour jamais, "oyez" pour entendez, "consent" pour conscient", "fors" pour sauf, "asteure" pour à cette heure. Sans oublier les verbes. On ne dira pas "Je te donnerai" mais : "je te donrai".

Personnellement, je ne vois pas l'utilité de se créer de telles complications de nos jours. Il reste un moyen très simple et efficace pour comprendre les vers et la plupart des procédés : c'est de lire, et encore lire des poètes comme LAMARTINE, MUSSET, VIGNY, HUGO, BAUDELAIRE, HEREDIA, BANVILLE, VERLAINE, CORBIÈRE ou encore BIMBAUD pour assimiler un style dont s'inspirent les poètes d'aujourd'hui qui écrivent en vers classiques, et avec des règles qui resteront encore longtemps d'actualité.

Pour ceux qui veulent perpétuer la poésie traditionnelle de la Renaissance au Baroque et à la préciosité, bien entendu, les lectures devront être différentes, et je conseille Guillaume MACHAUT, Jean FROISSART, Alain CHARTIER, Jean MOLINET, ou encore Philippe DESPORTES, Jean BERTAUT, CHASSIGNET, RÉGNIER,  MAYNARD, RACAN, ou DELINCOURT.

Non, FLAMME, je n'ai pas oublié le commentaire de PIERROT-LUNAIRE. Je réponds TOUJOURS à des exégèses. Mais comme le temps, hélas, n'est pas élastique, et que développer en essayant d'être le plus explicite possible, un sujet qui fait partie des procédés qui n'ont cessé de se modifier depuis qu' "on a touché aux vers" me demande de donner des références dans le détail, je ne suis pas doué du don d'ubiquité.

Je suis obligé de respecter scrupuleusement un planning pour pouvoir tenir tête de partout. Il m'arrive de différer mes réponses dans un délai de 1 à 3 jours. Mais là aussi, il va me falloir écrire, consulter mes notes et mes archives, et crois-moi, ce n'est pas en une heure que ça se prépare. Tu sais combien je suis pointilleux sur les détails... Mais c'est un choix dans lequel je me suis toujours engagé plutôt que d'être laconique.

DE GROS bibi2



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MessageSujet: Re: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptyJeu 12 Fév - 11:21

pierrot-lunaire a écrit:
Cher André, avez-vous lu mon post sur la règle du e muet, j'aimerais avoir votre avis éclairé.
Je pense que le vers suivant "Après bien du travail le coche arrive au haut" ne contient pas d'hiatus car la diphtongue précédant le h et celle le suivant sont la même. Je cite un autre exemple de J. de la Fontaine à ce sujet dans mon post.
Bonne soirée ami poète.

PL

triste violon sole
Bonjour, Cher PIERROT-LUNAIRE. J'avais bien pris connaissance en temps nécessaire de ton message. Mais j'ai dû répondre à FRIPOU et à FLAMME et ensuite penser à mes activités qui me font passer environ 6 heures par jour devant l'écran.

J'espère que tu ne me tiendras pas ombrage si je ne réponds qu'aujourd'hui à ton commentaire. Ce n'est pas de la négligence, mais un manque cruel de temps. J'apprécie tes pertinentes questions, et il m'est agréable de dialoguer avec toi car tu es un homme de culture. Tes questions sont intelligentes en même temps que j'ai noté cette courtoisie dans tes propos qui ne fait que souligner une grande sagesse et lucidité.

Tu as raison, l'hiatus, de tout temps, a été source de beaucoup de questionnements et de réponses contradictoires chez les poètes. Souvent, les descriptions qui en sont données dans les dictionnaires et ouvrages spécialisés sont trop didactiques et deviennent hermétiques ou cause de malentendus. J'en ai souvent discuté avec mon Ami André UGHETTO, auteur de plusieurs ouvrages remarquables, et, notamment de "Le sonnet, une forme européenne de poésie", paru aux éditions Ellipses, dans Thèmes et études", en 2005.

Pour en revenir au sujet, je vais essayer de faire simple. "L'hiatus", qui en latin veut dire "être béant" ou encore "mal joint", signifie la rencontre désagréable de deux voyelles, comme, par exemple :

- Je vais à Athènes.

ou encore : - le coche arrive au haut

- Un jour qu'au haut et au loin

- Du haut où sur mon front on mit le diadème.

À l'oreille cela offre un concours de voyelles qui choquent, et font penser à "fronton". L'hiatus est réputé ne pas exister ici à cause du "t" final de "front". Mais, doit-on, pour l'éviter, établir une liaison ridicule ?

On en vint à considérer que "et" entraîne un hiatus parce que le "t" ne se prononce pas, mais que "est" n'entraine pas d'hiatus, puisqu'on fait la liaison avec le "t".

Bien évidemment, l'oreille seule doit être juge du caractère désagréable ou non du hiatus. On constate que la versification traditionnelle se montrait en matière d'hiatus plus tolérante qu'une oreille d'aujourd'hui un peu exigeante. On admettait l'hiatus devant un "h" dit "aspiré", ce qui justifiait La FONTAINE et son coche "au haut", mais ne change rien, en fait à la rencontre auditive de deux voyelles.

Par contre, certaines interdictions engendraient des complications qui peuvent nous sembler absurdes aujourd'hui. C'est ainsi qu'on pouvait utiliser le mot "joie" à condition qu'il soit suivi d'une voyelle (La joie avant et la joie après), mais pas la joie pendant, bien que les deux premiers exemples suscitent un hiatus, et pas le troisième. Mais au pluriel, on ne pouvait écrire dans un vers : "les joies avant" malgré la présence du "s" dont la liaison supprime l'hiatus à nos oreilles, car le "E" muet (et qui ne s'entend pas du tout), ne pouvait s'élider devant la consonne.

Heureusement que ceci est aboli et que la prosodie actuelle prend conscience de l'écart qui sépare la prosodie ancestrale de la prononciation courante d'aujourd'hui, la langue littéraire de la langue vivante, tout en nous en faisant partager son étonnement et son amusement. Cette prise de conscience de la réalité de la langue manifeste à la fois son amour pour elle et la distance qui s'établit par rapport à elle.

La poésie restant une question d'oreille, puisqu'elle est musicale avant tout, évitons la rencontre désagréable de plusieurs voyelles pouvant heurter le côté phonique du mètre, seulement. Pensons que la langue comme les règles se sont adaptées puisque la prononciation elle-même est différente aujourd'hui de ce qu'elle était hier.

Un simple exemple pour illustrer tous ces changements dont nous devons tenir compte : "hier", autrefois s'employait en une seule syllabe. Depuis BOILEAU, il en compte deux.

Un poète qui écrirait "hier" en synérèse, de nos jours, ne commettrait pas de faute à condition que son poème soit écrit dans la forme grammaticale d'époque, avec les mots et tournures de phrases adéquates, comme je l'ai signalé un peu plus haut dans ce topic. Dans le cas contraire, il y aura erreur.

TOUTE MA CHALEUREUSE AMITIÉ ET CONSIDÉRATION, Cher PIERROT-LUNAIRE

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MessageSujet: Merci de votre réponse, ami poète.   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptySam 14 Fév - 15:46

Merci pour votre intéressante et érudite réponse.
Dans mon petit traité de versification à l'usage des débutants jamais publié, je signale et un comme un hiatus. Je signale aussi que certains mots comme aléa, Orléans, géographie, etc. sont des hiatus et pourtant rien n'interdit de les employer dans un poème. Quant au e muet, je ne l'emploie jamais devant une consonne car je suis habitué à cette règle et chacun sait qu'on ne se débarrasse pas si facilement de ses habitudes, fussent-elles incroyablement caduques. J'ai eu une grande discussion avec un prosodiste distingué au sujet du vers de Rimbaud "Nature, berce-le chaudement, il a froid..." à cause du e devant une consonne à l'hémistiche mais comme ce e est sonore, il n'y a rien à redire. C'est à dire que pose-le devant toi est correct alors que pose-le en face ne l'est pas et il ne viendrait à l'idée de personne de dire pose l'en face. Dans certains traités de prosodie on trouve "jamais me, te, le, etc. à l'hémistiche" alors que finalement, ces formes ne sont pas incorrectes même si on ne les emploie guère.
Merci ami poète de m'avoir répondu avec autant de bonne volonté et pardon si j'ai un peu tardé à vous remercier mais je suis pris par ma future édition. Je ne pensais pas que la publication d'un recueil était un tel travail.

Bon week-end.

amitie3 pier
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MessageSujet: Re: Le "E" caduc (Prosodie)   Le "E" caduc  (Prosodie) EmptySam 14 Fév - 18:16

Bonjour PIERROT LUNAIRE,

Aucune inquiétude au niveau du délai à répondre car j'avais moi-même tardé à me manifester. Je pense que nous comprenons tous cela étant donné que nos activités, en dehors des forums, nous grignotent beaucoup de temps.

Je suis très satisfait de cette réponse car, ayant lu vos poèmes, je m'étais rendu compte que vous étiez un homme de culture ainsi qu'un Poète émérite pratiquant une poésie de haut niveau.

Je pense que ces petits échanges sur l'histoire de la versification, quand ils sont entretenus en bonne intelligence, comme ce fut le cas, sont enrichissants, puisqu'ils nous permettent de débattre de manière ouverte et éclairée sur la façon dont nous appréhendons les règles de la prosodie. Cela ne peut qu'être fertile d'enseignement d'un côté comme de l'autre. Je l'ai toujours affirmé, s'il est intéressant de poster des poèmes sur un forum, et dont c'est la vocation, il est tout aussi utile, de temps à autres, de pouvoir confronter nos idées, étant donné que nous aurons toujours à étudier sachant que la perfection restera le but à atteindre.

J'ai beaucoup apprécié, dans "L'espace prosodie" votre article sur le "E" muet. Je pense que si nous avons quelques petits points de vue qui divergent, ce n'est pas sur des traits fondateurs, mais sur quelques détails, ce qui ne saurait remettre en cause, d'un côté comme de l'autre, cet amour inconditionnel que nous avons l'un et l'autre de bien servir la poésie en en respectant les canons prioritaires. Nous avons, je pense, plus de points communs que d'idées divergentes étant donné que nous nous appliquons à donner le meilleur de l'enseignement prodigué.

Tous les théoriciens de la poésie française se sont intéressés à cette difficulté de l'hiatus et du "E" muet qui semble rompre l'harmonie de la langue ; mais ils l'ont fait avec des points de vue différents, le plus souvent nuancés. VOLTAIRE faisait remarquer qu'"il y a des hiatus à chaque moment au milieu des mots, et ces hiatus ne choquent point". Et il défendait l'utilisation en vers d'il y a. Déjà.

De son côté, MARMONTEL affirmait que l'oreille "se pliait à la succession immédiate de certaines voyelles. Rien n'est plus doux pour elle que ces mots : Danaë, Laïs, Leucothoé, Phaon, Léandre, Actéon", etc... Il défendait lui aussi il y a et il a été. Il faisait remarquer que la versification classique admettait : "Hector tomba sous lui, Troie expira sous vous". (Jean RACINE), par la grâce du "E" de "TROIE" qui, pourtant n'empêche pas l'hiatus pour l'oreille.

Cher PIERROT-LUNAIRE, je crois que nous sommes pointilleux à l'extrême, chez les poètes classiques et traditionnels, parce que nous sommes des perfectionnistes. Personne ne pourra nous le reprocher. Malgré ces petits différences d'interprétation nous restons fidèles à une poésie de qualité car nous servons de tout notre zèle ce langage poétique, comme le jeu des sonorités. Ces petites divergences ne sont pas un écart aux règles que nous respectons, puisque si nous les utilisons avec de minimes variations, ces variations ne constituent une transgression des procédés fondamentaux.

Je suis TRÈS HEUREUX d'avoir pu discuter et débattre avec vous, ce qui ne peut qu'être positif pour les membres qui auront suivi cette amicale et passionnée conversation.

Avec toute l'assurance de ma considération et d'une chaleureuse Amitié.

andre


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