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 Le pays cévenol vu par les poètes

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André Laugier

André Laugier


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MessageSujet: Le pays cévenol vu par les poètes   Le pays cévenol vu par les poètes EmptyDim 21 Aoû - 12:36


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LE PAYS CÉVENOL VU PAR LES POÈTES

Compilation

La Lozère s'étendant sur les hautes terres de la Margeride, des Cévennes, du Gévaudan et de l'Aubrac, et sur une partie des Grandes Causses (Sauveterre, Méjean) est un département riche de littérature et de culture poétique. De nombreux versificateurs et célèbres poètes français d'expression occitane (provençal de Nîmes), y ont laissé des œuvres qui ont marqué l'histoire culturelle du nord de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.

C'est avec grand plaisir que j'ai sélectionné quelques poèmes bien caractéristiques du pays cévenol. De grands auteurs y figurent. D'autres, moins connus, méritent tout notre respect, tant leur écriture est viscérale et retrace l'amour et l'enthousiasme de ces poètes pour leur région.

Déjà, en 564, le poète Sidoine APOLLINAIRE décrivait son voyage à travers les hautes Cévennes, en particulier à Trevidon (Saint-Laurent-de-Trèves, un endroit remarquable sur lequel il écrira une page entière), où à l'époque résidait FÉRRELOUS, l'ancien préfet du prétoire des Gaules.

Quant à Almoïs DE CHATEAUNEUF, originaire de l'actuelle localité de Châteauneuf de Randon, cette "trobairitz" appartenait à la célèbre famille seigneuriale du même nom. Elle composait des poèmes lyriques entre 1180 et 1220 environ, tamoignant ainsi du raffinement de la société Gévaudanaise.



Antoine Hippolyte BIGOT, né à Nîmes le 27 février 1825 et mort à Nîmes le 7 janvier 1897, est un poète français d'expression occitane (provençal de Nîmes), protestant et républicain.

BIGOT n’écrit pas seulement "La complainte de la Tour de Constance", mais a participé activement à la renaissance de cette langue régionale.

Issu d'une famille protestante, instruit, Antoine BIGOT se destine au commerce. Dans les années 1850 il se lance dans la littérature. En 1854, Frédéric MISTRAL et ses amis écrivains occitans provençaux fondent le Félibrige et invitent Antoine BIGOT à les rejoindre. Il s'y refuse par goût d'indépendance et parce qu'il veut chanter sa ville de Nîmes dans son propre langage, son "impur patois qui s'éteint" : la langue la plus populaire de la ville. Il devient membre en 1864 de "l'Académie de Nîmes". En 1865, il est membre du Consistoire de l'Église réformée. Il meurt le 7 janvier 1897, laissant derrière lui la renommée d'un poète estimé et d'un homme juste et droit. Il est inhumé au cimetière protestant de Nîmes.

Le 26 juillet 1903, sous l'influence de son ami et continuateur Jean MEJEAN, le buste d'Antoine BIGOT est inauguré au bas du grand escalier du "Jardin de la Fontaine". Le futur président de la République, Gaston DOUMERGUE, alors ministre, est présent à la cérémonie.


Antoine Hippolyte BIGOT

La vieille ville d’Aigues-Mortes
La ville du Roi Saint Louis
Enorme étendue entre ses portes
Rêve aux grands environs.
Elle dort mais comme un vieux garde
De son œil rouge grand ouvert
La Tour de Constance regarde
Regarde la plaine et la mer.

De la campagne, de la plage
S’élèvent mille bruits confus
Mais la Tour, géant d’un autre âge
La Tour sombre ne parle plus.
Seulement par les nuits voilées
Le pécheur entend des sanglots,
Et des voix qui chantent mêlées,
Au lointain murmure des flots.

Qui vécut là, des prisonnières
Qui mettaient Dieu devant le Roi
Là, jadis des femmes, des mères
Moururent pour garder la foi.
Leur seul crime était d’être allées
La nuit par un sentier couvert
Fondre leurs voix aux assemblées
Qui priaient Dieu dans le désert.

Mais les dragons, ô temps infâmes
ô lions changés en renards
Les dragons veillaient sus, aux femmes
Braves soldats, sus aux vieillards.
Bientôt d’un peuple dans défense,
Les sabres nus avaient raison
Les Huguenots à la potence
Les Huguenotes en prison.

A jamais ses murailles grises
Me rediront ce qu’ont souffert
Ces paysannes, ces marquises
Ces nobles filles du désert.
Mais dans leur foi, puisant un baume
D’une voix tremblante de pleurs
Ensemble elles chantaient un psaume,
Les cœurs brisés sont les grands cœurs.

Les ans passèrent sur la Tour sombre
Et la porte ne s’ouvrait pas
Les unes veillaient dans l’ombre
D’autres sortaient par leur trépas.
Mais jamais aucune à son maître
De le trahir ne fit l’affront
Huguenotes, il les fit
Huguenotes, elles mourront.

Ah que devant cette ruine
Un autre passe insouciant
Mon cœur bondit dans ma poitrine
Tour de Constance en te voyant.
ô sépulcre où ces âmes fortes
Aux ténèbres ont résisté
ô Tour des pauvres femmes mortes
Pour le Christ et la liberté.
__________________


Mathieu LACROIX, poète occitan, est né à Nîmes. Il était l'enfant naturel d'une pauvre couturière. Sa mère mourut alors qu'il avait neuf ans. Il était entré à l'école des Frères depuis quelques mois seulement. On l'en retira aussitôt, et il fut "placé" chez un chiffonnier qui l'envoyait mendier dans les villages alentours.

Lorsqu'il ne ramenait rien, il était battu le soir en rentrant. Tout ces faits nous sont rapportés par Frédéric MISTRAL qui tenait Mathieu en haute estime, et lui consacra un article entier dans "l'Armana Provençaù" de 1866. A l'âge de 12 ans, il fut adopté par une femme veuve et seule comme lui qui le tira de cet enfer. Elle lui fit apprendre alors le métier de maçon. Quelques années plus tard Suzette TILLOY mourut et son fils adoptif vint s'installer à La Grand Combe on ne sait pas trop pourquoi, où il exercera jusqu'à sa mort son métier de maçon, tout en rimant de la poésie en Occitan, sa langue naturelle.

Mathieu se fit connaitre comme poète occitan lors d'une circonstance particulière. Cela se passa au grand rassemblement annuel des poètes de langue occitane, qui se tenait le 21 Août 1853 à Aix-en-Provence. Comment le pauvre Mathieu se rendit-il là, on n'en sait rien... Quoi qu'il en soit, il s'y trouva, et il lut au public rassemblé sa poésie intitulée "Paouré Martino" (Pauvre Martine) qui raconte comment un mineur trouve la mort dans un coup de grisou, et comment on vient apprendre ce malheur à sa femme Martine. Mathieu croula sous les applaudissements d'une foule qui comptait tout ce qu'il y avait de beau monde en Provence...

Il était l’ami de Frédéric MISTRAL qui disait de lui que "Son œuvre était celle d’un chant qui ressemblait aux pleurs d'un oisillon entre les griffes d'un chat". Ami également d'Alphonse DAUDET qu'il initie aux vers provençaux quand ce dernier est au collège d'Alès (Gard).

Auteur notamment, en 1855, de "Paouré Martino" (Pauvre Martine), tragédie minière qui raconte comment un mineur trouve la mort dans un coup de grisou, et comment on vient apprendre ce malheur à sa femme Martine. Les mineurs de La Grand Combe étaient très sensibles aux mots de cœur de Mathieu LACROIX et après sa mort ils firent une quête parmi eux pour lui élever une statue, en 1899 (sculpteur Tony Noël, Grand Prix de Rome).



Mathieu LACROIX

Mais comme un oiselet pépiant sur la branche
Qu'un chasseur idiot fait périr sans raison
La faux t'a frappé, sans que ta si blanche âme
N'ait pu terminer sa chanson.
Maintenant que tu es au ciel, tu n'as rien perdu au change.
Tu chantais étant homme, maintenant que tu es un ange,
Tu n'en chanteras que mieux, crois moi !

Et moi, ton jeune ami, tu sais comme je t'aimais.
C'est toi qui m'a appris à écrire un peu comme il faut..
Quand j'étais un enfant, que tu m'entendais pleurer :
- Ecoute, me disais-tu, et dis comme je dirai.
Qu'elle est belle notre langue ! Va, elle n'est pas encore morte !
Que ta voix l'enchante au son de la cithare ;
Et n'aies pas peur je t'aiderai !

Maintenant que je suis tout seul, je ferai de même..
Nous autres, nous pouvons mourir, la langue restera.
Je veux venir souvent là où ton corps repose
Puis d' à genoux ici, mon âme chantera.
Et pour m'entendre, de là haut, je te verrai descendre :
- Grand merci, mon enfant ! me diras-tu, et tes cendres
En frémiront de plaisir !
_________________


Léo LARGUIER(né le 6 décembre 1878 à La Grand-Combe - mort le 6 décembre 1950 à Paris).

Poète, nouvelliste, critique et essayiste français, Léo César Albin LARGUIER est né dans les Cévennes d'une vieille famille de paysans huguenots. Son père Anselme Honoré Albert LARGUIER était menuisier, et sa mère Clarisse Pauline THÉRON "sans profession". Il a un frère deux ans plus jeune, Arthur. Il est élève du lycée d'Alès et s'intéresse déjà à la poésie.

En 1899 il fait son service militaire à Aix-en-Provence, où il se lie d'amitié avec CÉZANNE. Plus tard, il sera mobilisé en 1914 dans ce même lycée d'Alès, à l'occasion changé en Caserne Thoiras, puis hôpital. Il est blessé en septembre 1915 pendant son service active dans la Champagne.

Il vint à Paris vers l'âge de 20 ans. Suivant la volonté de ses parents il s'inscrit à Sciences-Po mais il n'y va qu'une fois. Dès lors il se voue à la poésie et il ne quitte plus guère Saint-Germain-des-Prés dont il devait devenir l'historien, sauf en 1940, quand il participe à l'exode de Paris et va vivre un temps à Vialas dans les Cévennes. Il posait au poète "à l'ancienne", et écrivait de même. Il écrivit de nombreux ouvrages : romans, critique, essais, pièces de théâtre... Il fit partie de l'Académie Goncourt.



Léo LARGUIER

IL PLEUT

Il pleut ,et moi je songe à de lointaines choses,
Aux vieux arbres d'un parc où des collégiens
A huit heures ,l'été près de trop lourdes roses,
Faisaient des vers lamartiniens .

La lune du jardin vaporisait la grille,
Les reinettes chantaient et chantait le jet d'eau;
Des fenêtres brillaient ;blanche, une jeune fille
Montait le perron du château.

Un orage parfois inondait les terrasses;
Derrière les carreaux on regardait pleuvoir,
Et le salon empli de portraits et de glaces,
Pour un moment devenait noir .

On s'ennuyait un peu d'une main alanguie,
Longues et fine on ouvrait les " méditations "
Atala, Les Natchez, ou Paul et Virginie ,
Et puis revenaient des rayons .

Et l'on allait joyeux par les fraîches allées,
Et le soir était pur et les rosiers mouillés;
Jeunes filles des parcs ,châteaux dans les vallées,
Massifs par l'automne rouillés !

C'est à vous que mon cœur mélancolique rêve,
Las de nos jours sans joie et de nos triste temps ,
Ne soufflera -t-il pas un grand vent qui m'enlève ,
Accourez , antiques autans !
__________________


À SUIVRE...


_________________
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LE PAYS CÉVENOL VU PAR LES POÈTES

Compilation

Guy GEERAERT est né à Nîmes en 1927.
Dès l’enfance, il a été au contact des Cévennes où étaient nés ses grands-parents maternels, sa mère, des oncles et tantes, des cousins.
Il en a gardé l’empreinte profonde. C’est là qu’il considère avoir ses véritables racines.
Hyères, Paris, Vichy, Nantes, Le Mans, La Baule, l’ont vu séjourner et ont jalonné ses études. C’est finalement à Fréjus qu’il achève son périple, pour y vivre sa retraite.

De tout temps, il s’est adonné à la poésie, celle de la nature, de l’amour, de la vie. Ses premiers poèmes en vers classiques remontent à 1944 alors qu’il était pensionnaire dans un collège mixte (guerre oblige) et s’adressent à ses camarades de classe, garçons et filles.


Guy GEERAERT

SOUVENIRS CÉVENOLS

J’ai parfois le regret de mes vertes Cévennes
Où le gardon dolent s’enroule autour des monts,
Et, pareil à ce sang qui coule dans mes veines,
Se nourrit du grand air qui gonfle mes poumons.

Je repense à plaisir, aux routes sinueuses
Qui jalonnent de trous les bois de châtaigniers
Aux chemins empierrés des pentes dangereuses
Où vont s’anéantir d’innombrables sentiers

Et lorsque je revois l’antre béant des grottes
Où sont morts innocents, la tête et le front haut
Nombre de mes aïeux écrasés sous les bottes
Se réveille en mon cœur, le cœur d’un huguenot.
__________________

Guy GEERAERT

LA BAUME AU CŒUR

Entre Alès et Florac, tout au cœur des Cévennes
Se niche Saint-Privat où je reviens souvent
Évoquer à loisir les ombres souveraines
De nos aïeux dont l’âme est complice du vent.

Que tu sois résident, touriste ou de passage,
Ouvre bien grands tes yeux à tout jamais charmés,
Goûte aux plaisirs offerts par notre paysage
Qui s’incruste en ton cœur même les yeux fermés.

Cherche les souvenirs cachés dans la bastide
Qui découvre alentour de la Rivière au Col,
Elle a pour nom « La Baume » et n’a pas une ride
Fière d’avoir gardé son passé cévenol.

Si tu peux sans pleurer regarder la montagne
Qui dresse devant toi son sommet couronné,
Sache qu’un souvenir m’habite et m’accompagne :
C’est derrière ce mont que mon grand-père est né.

Et tout à l’opposé, derrière toi peut-être,
Au bourg de Saint-Frézal dans un lieu-dit « Paumier »,
Naquit chez les Martel, Célina, notre ancêtre
Dont le regard d’amour me revient en premier

A l’heure où l’homme usé sent refroidir ses membres
Et cherche avidement où déposer son faix,
C’est ici qu’il prévoit d’ensevelir ses cendres
Car c’est seulement là qu’il peut trouver la paix.
_________________


Georges GIRARD est Président de la "Société d'Etudes Millavoises" qui constitue un véritable laboratoire réunissant une soixantaine de chercheurs ; de l'archéologue à l'historien, de l'héraldiste au musicien, du relieur au critique littéraire, du numismate, du bibliophile, du généalogiste au poète d'expression française ou occitane sans oublier les infatigables marcheurs des grands Causses qui participent à la vie culturelle du Sud Aveyron et au delà de la Lozère voisine.

Georges GIRARD est en outre "Majoral du Félibrige" fondé le 21 Mai 1854 par sept poètes provençaux autour de Frédéric MISTRAL : "pour garder éternellement aux provinces occitanes leur langue, leurs coutumes, leur caractère et tout ce qui constitue leur âme nationale".


Georges GIRARD

VENDANGES

Je sais une vendange aux coteaux de la vie :
Le soleil de l'amour la mûrit grain à grain
Et le clos qui l'abrite a pour mon cœur serein
Le charme troublant d'une amie.

Fidèle, je m'en viens par delà l'âpre pente
Où palpite la fleur du doute au pistil noir
Jusques aux treilles d'or où s'étire, opulente ,
La grappe lourde de l'espoir.

Aux bras noueux des ceps, mes agiles caresses
- Chaste vol du désir grappillant le fruit mûr -
Cueillent avec ferveur les croulantes promesses
Du raisin couleur de vin pur.

Blonds chasselas de paix, joyeux muscats de flamme,
Au pressoir de mon cœur vous emmêlez vos chairs
Qui s'en vont bouillonner aux douves de mon âme
Avec le bruit profond des mers.

Et les sucs confondus de vos pulpes béantes
Versant le sel des pleurs et le miel des amours
Seront demain, jaillis de poitrines ardentes,
A la coupe austère des jours ,

L'incomparable vin des vendanges humaines,
Le poème limpide apaisant et fruité,
Ambroisie aux reflets de plaisirs et de peines
Offerte à toute avidité ...

Seigneur, doux Vigneron des coteaux de la Vie,
Au soleil de l'Amour mûrissez mon destin,
Et que s'ouvre longtemps à mon cœur pèlerin
Le clos de Sainte Poésie.
__________________

Georges GIRARD

AUTOMNE

Automne, j'ai vécu la multiple splendeur
De tes coteaux sanglants et de tes plaines mauves
Et mon œil a suivi jusqu'aux falaises fauves
L'hirondelle, légère en son vol migrateur.

Automne, j'ai cueilli le lourd et mûr trésor
De tes vignes de pourpre et de tes pommiers roses
Et, bruns présents jaillis de leurs bogues décloses
Les fruits des châtaigniers vêtus de rouille et d'or.

Automne, j'ai chanté ta gloire à perdre haleine ;
Sur les sillons fumants ont volé mes chansons
Et ma voix s'est mêlée à celle des garçons
Glanant dans les taillis tes sorbes et tes faînes

Les râles de ton vent jonchant le seuil des portes
L'écho de tes chasseurs troublant la paix des bois
Dans ton âme ont encor avivé, cette fois
Le brûlant souvenir des espérances mortes.
__________________


Marcelle Raymond GALIÈRE

Marcelle Raymond GALIÈRE est née au Born le 8 juin 1922. Elle parle de son terroir , de sa vie, de ses enfants et petits enfants, avec authenticité et simplicité, mais aussi avec une richesse de cœur qui transparaît à chaque mot. J'ai choisi de vous présenter un de ses textes intitulé : "BERGERS". C'est de la poésie authentique, une quête d'état d'ouverture totale sur le bucolique. La poésie, ici, saisit le message qui lui est envoyé par la nature et dans lequel son adhésion est un acte de foi.



Marcelle Raymond GALIÈRE

BERGERS

Je les ai vus paraître en nos chemins d'automne
Et leurs regards parlaient à nos vies monotones
Des regards où brillaient les feux de la Saint Jean.

Et ces regards parlaient de douceur, de printemps...
Et piquetaient nos vies comme ces vers luisants
Qui bordent nos chemins, en Juin les soirs de fièvre
Les soirs d'orage lourds, où les charrois pesants
Gravissent le chemin, pleins de foin odorant.

Ces chemins où s'ouvrent les yeux des églantines
Chemins silencieux et ouatés de nuit
Et pénétrés de lune se glissant sans bruit.
De ces chemins du soir où l'on entend chanter
Mystérieuse voix, un crapaud attardé...

Les paisibles bergers dont les pas lourds résonnent
Tant au long des chemins parsemés de cailloux
Les paisibles bergers. Les bergers de chez nous.
Au bord du chemin noir où leurs pas déambulent
On voit parfois le soir un petit feu briller;
C'est l'humble ver luisant qui guide les bergers.

Dans les chemins de Juin tout d'orage chargés
Et comme empanachés de fauve odeur de foin
Seuls et méditatifs, ils passent à pas lents.

Une étoile tremblote dans le firmament
Au bord de l'églantier une fleurette s'ouvre
Sur le monde assoupi, fraîche, la nuit descend.

Et dans la paix du soir un nuage recouvre
La lueur pailletée de la lune d'argent.
Les graves bergers, eux, arrivent hésitants.

Ils nous viennent des monts. Ils nous viennent de loin
Et ils viennent choquer les portes qu'on leur ouvre
Leurs yeux sont étoilés des feux de la Saint Jean.
__________________


Marcelle Durand
Mendoise, Marcelle DURAND exprime au travers de ce long poème intitulé comme celui de Didier BONNAL "Ma Lozère", (que je posterai demain), l'hommage que lui inspire la Lozère. C'est un véritable guide pour visiter le département.


Marcelle DURAND

MA LOZÈRE

Dans le Languedoc-Roussillon,
La grande Auvergne... Tu as un nom ;
Ce nom si doux, c'est "LA LOZERE",
Dite à tort : "Pays de misère" !
Tu donnes source à des cours d'eau ;
Certains iront jusqu'à Bordeaux,
Le Lot, le Tarn, dans la Garonne
Se jetant, sans que cloche sonne !
Les fleurs des prés, les nielles des blés,
Les coquelicots et les bleuets,
La gentiane, la violette,
Le genêt d'or, la pâquerette,
Feront des bouquets, des boissons,
De très efficaces potions,
Ou des parfums bien délicats...
Du MONT-LOZERE : les "pieds de chat".
Les champignons dans les forêts,
Fraises, myrtilles et autres baies,
Seront cueillis dévotement
Par les adultes et les enfants !
La truite glissant sous le rocher,
Lièvre, lapin et sanglier,
Perdrix, faisan, coq de bruyère,
Qui s'envolent dans la clairière,
Sont la joie d'habiles pêcheurs
Et le bonheur d'adroits chasseurs...
Les cordons-bleus, des plus experts
Les préparent : mettons les couverts !
Tes élévages de troupeaux,
Fromages, saucisses et jambonneaux,
Se sont faits des réputations,
Sans concurrence nous l'affirmons !
Tes eaux de sources, tes eaux thermales
Nous donnent leur force vitale...
Voisins de la "TRAPPE", buvons
Son vin, avec modération !
Tes bois s'empourprent à l'automne
Sont féerie... Il n'est personne
Qui ne puisse s'en émerveiller...
Cela, sans jamais se lasser !
Si célèbre est SAINTE-ENIMIE !
Bien protégés ses habitants...
La quitter est vraie nostalgie
Pour un grand nombre d'estivants !
Gorges du TARN et de la JONTE,
Le DARGILAN... L'AVEN ARMAND,
Ce sont des lieux d'où l'on remonte
Pleins d'émotions... Tout en rêvant !
Tu as coteaux, plaines et vallons,
Et surtout de bien jolis monts :
Pic de FINIELS, le MONT-MIMAT ;
Lieu d'ermitage de SAINT-PRIVAT !
Sur tes pentes, l'on peut skier,
Et tes sommets escalader...
Camper au bord de la rivière
Ou se mirer dans la TRUYERE !
Ta cathédrale a deux clochers !
Le pape URBAIN V peut saluer,
Sur la place qui porte son nom,
Les visiteurs de toute nation !
Tes châteaux forts et tes églises,
Tes croix de pierre, narguent la bise ;
Tes croix de fer, sur les chemins,
Montrent SAINT-JACQUES aux pélerins !
A CHATEAUNEUF quand DU GUESCLIN
Mourait par un triste destin,
A-t-on prié la VIERGE NOIRE ?
Ne le raconte pas l'histoire !
De MARVEJOLS, le duc de JOYEUSE,
Fît une ville malheureuse,
Lorsque qu'HENRY IV régnera,
Grâce à lui, l'on reconstruira !
Sa statue, auprès de la voûte,
Surveille-t-elle l'autoroute
Qui de nos jours fait parler d'elle
Et de l'antique citadelle ?
La Bible du Chanoine OSTY
Dit bien haut que notre pays
N'est pas que ciel bleu et air pur,
Mais intelligence, pour sûr !
De grands évêques t'ont servie,
Des missionnaires, hors patrie,
Ont porté la foi à leurs frères...
D'autres ayant dû quitter leurs terres,
Y reviennent à la belle saison,
Comme l'on rentre à la maison...
Rendent visite aux cimetières,
Portant des fleurs, faisant prières !
Le journal qui te dit "Nouvelle"
A ton esprit reste fidèle ;
Il relie villes et chaumières,
Même au delà de nos frontières !
Il y aurait tant de choses à dire...
Tant de poèmes à écrire,
Sur le passé, sur le présent,
Car nous voyons à tout moment,
Hommes et femmes, de leurs mains,
Préparant de beaux lendemains,
Pour toute communication,
Routes, sports, sciences, éducation !
Chansons, cabrette et farandole,
Nous mènent dans une ronde folle,
Pour faire le tour de la planète,
Louant "LA LOZERE" à tue-tête...
Entraînant tous les auvergnats,
Jusqu'aux présidents et aux forçats...
Que tombent les murs de la prison,
Et qu'il y pousse fleurs et gazon !
Toi, le loup, dans le GEVAUDAN,
Ne sois que souvenir d'antan...
A SAINTE LUCIE, bien logé,
Vis heureux, tu es protégé !
Chère LOZERE, voilà l'hommage
de mon coeur... Il me paraît sage !
Reste pour nous tous la bien-aimée,
Terre bénie... Où je suis née !
__________________


À SUIVRE...



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LE PAYS CÉVENOL VU PAR LES POÈTES

Compilation

Alphonse DAUDET naît à Nîmes le 13 mai 1840, dans une famille catholique et légitimiste. Son père Vincent DAUDET est tisserand et négociant en soieries, dont les ancêtres sont originaires des Cévennes et sa mère Adeline est la fille d’Antoine REYNAUD, un riche négociant en soie ardéchois. Il passe la majeure partie de son enfance à Bezouce, un petit village situé dans le Gard.

Après avoir suivi les cours de l'institution Canivet à Nîmes, il entre en sixième au lycée Ampère de Lyon où sa famille s'installe en 1849 lorsque son père doit fermer sa fabrique. Alphonse doit renoncer à passer son baccalauréat après la ruine de son père en 1855. Il devient maître d'étude au collège d'Alès. Cette expérience pénible lui inspirera son premier roman, "Le Petit Chose" (1868), dans lequel se trouvent mêlés des faits réels et inventés, comme la mort de son frère.

Après avoir voyagé en Provence, DAUDET, en collaboration avec Paul ARÈNE décrit comme son nègre, débute l'écriture des premiers textes qui feront partie des "Lettres de mon moulin". Il obtient, par le directeur du journal "L'Événement", l'autorisation de les publier comme feuilleton pendant tout l'été de l'année 1866, sous le titre de "Chroniques provençales".

DAUDET subit les premières atteintes d'une maladie incurable de la moelle épinière, le tabes dorsalis, une complication neurologique de la syphilis. Il continue cependant de publier jusqu'en 1895. Il décède le 16 décembre 1897 au 41 rue de l'Université à Paris, à l'âge de 57 ans. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.


Alphonse DAUDET

TROIS JOURS DE VENDANGES

Je l’ai rencontrée un jour de vendange,
La jupe troussée et le pied mignon ;
Point de guimpe jaune et point de chignon :
L’air d’une bacchante et les yeux d’un ange.
Suspendue au bras d’un doux compagnon,
Je l’ai rencontrée aux champs d’Avignon,
Un jour de vendange.

Je l’ai rencontrée un jour de vendange.
La plaine était morne et le ciel brûlant ;
Elle marchait seule et d’un pas tremblant,
Son regard brillait d’une flamme étrange.
Je frisonne encore en me rappelant
Comme je te vis, cher fantôme blanc,
Un jour de vendange.

Je l’ai rencontrée un jour de vendange,
Et j’en rêve encore presque tous les jours.
Le cercueil était couvert en velours,
Le drap noir avait une double frange.
Les sœurs d’Avignon pleuraient tout autour…
La vigne avait trop de raisins ; l’amour
A fait la vendange.
__________________

Alphonse DAUDET

À CLAIRETTE

Croyez-moi, mignonne, avec l’amourette
Que nous gaspillons à deux, chaque jour
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette),
On pourrait encore faire un peu d’amour.

On fait de l’amour avec l’amourette.
Qui sait ? connaissons un peu mieux nos cœurs.
Qui sait ? cherchons bien…pardon, je m’arrête;
Vous avez la bouche et l’œil trop moqueurs
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette):
Qui sait ? connaissons un peu mieux nos cœurs.
Voyons, si j’avais dans quelque retraite
Le nid que je rêve et que j’ai cherché,
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette),
On aime bien mieux quand on est caché.
Si j’avais un nid dans quelque retraite !
Un nid ! des vallons bien creux, bien perdus.
Plus de falbalas, plus de cigarette;
Champagne et mâcon seraient défendus,
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette)…
Un nid, des vallons bien creux, bien perdus.
Quel bonheur de vivre en anachorète,
Des fleurs et vos yeux pour tout horizon,
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette) !
Par le dieu Plutus, j’ai quelque raison
Pour désirer vivre en anachorète.
Eh bien ! cher amour, la nature est prête,
Le nid vous attend… Comment ! vous riez ?
(Ne vous moquez pas trop de moi, Clairette),
C’était pour savoir ce que vous diriez.
__________________


Didier BONNAL

"L'art ne fait que des vers, le coeur seul est poète", écrivait André CHÉNIER. Cela se vérifie sur toutes les pages de la poésie douce et reposante de Didier BONNAL, dictée par les élans de son cœur.

Le brin de nostalgie que le poète porte en lui fait partie de sa nourriture quotidienne. Ici tout est Amour : celui que l'on véhicule en soi, et que l'on veut dispenser généreusement à son entourage, dira de lui Léon BOURRIER, poète et Lyre d'Or 1990.

Il n'est nul besoin de présenter plus avant le poète Didier BONNAL, découvrons l'un de ses secrets de troubadour.



Didier BONNAL
MA LOZERE

Qu'elle est belle ma Lozère
Quand elle s'endort pour l'hiver
Qu'elle est belle ma Lozère
Quand elle renaît pour l'été


La Margeride vous accueille
Avec ses ruisseaux de pêcheurs
Avec dans l'ombre de ses feuilles
Un feu de bois brûlant la peur

La vérité de la récolte
Sous le mois royal de juillet
Déloge toutes les révoltes
Puis fait face aux jeunes mariés

Qu'elle est belle ma Lozère
Quand elle s'endort pour l'hiver
Qu'elle est belle ma Lozère
Quand elle renaît pour l'été

Sur les Monts d'Aubrac on rencontre
Quelques vaches et quelques taureaux
Un cantalès dans la pénombre
Prépare un bon aligot

Sur des sentiers de promenade
Longeant les lacs et les forêts
On se retrouve par mégarde
Au fond d'un village isolé

Qu'elle est belle ma Lozère
Quand elle s'endort pour l'hiver
Qu'elle est belle ma Lozère
Quand elle renaît pour l'été

Puis quand les Causses vous invitent
A goûter leur fromage fort
Vous devenez un peu trop vite
L'intime image de leur sort

Les chardons se mettent en fête
Autour des brebis, dans les blés
Un berger entame la sieste
Où le soleil s'est affalé

Qu'elle est belle ma Lozère
Quand elle s'endort pour l'hiver
Qu'elle est belle ma Lozère
Quand elle renaît pour l'été

On parle beaucoup des Cévennes
Avec Chabrol et Stevenson
Un Parc National sur les veines
Mais connaît-on leurs vraies chansons ?

Il faut marcher dans leur courage
Pour expédier une photo
Aux futurs visiteurs sauvages
Qui confondraient avec Rio

Qu'elle est belle ma Lozère
Quand elle s'endort pour l'hiver
Qu'elle est belle ma Lozère
Quand elle renaît pour l'été.
__________________


Jean REBOUL, né le 23 janvier 1796 à Nîmes et mort le 28 mai 1864 dans la même ville, est un poète et homme politique français.
Fils d’un serrurier originaire du Bas-Vivarais et de Gabrielle THIBAUT, il est placé en pensionnat jusqu'à l'âge de treize ans, puis entre comme clerc chez un avoué. Mais, à la mort de son père, il est contraint de devenir, à quinze ans, boulanger, profession qu'il exercera toute sa vie.

En 1815, après le débarquement de NAPOLÉON au Golfe Juan, il s'engage dans les volontaires royaux.

Jean REBOUL commence d'écrire en 1820 avec une pièce intitulée Le Duel, puis avec une cantate sur la guerre d'Espagne en 1824. En 1828, il est l'auteur du célèbre "L’Ange et l’enfant", poème paru dans "La Quotidienne" et qui lui assure la renommée. Parmi ses autres poésies, "Le Dernier Jour" fut de celles qui lui assurèrent une place honorable parmi les poètes français. CHATEAUBRIAND passa quelques heures à Nîmes et lui rendit visite en le félicitant pour ses travaux. LAMARTINE, Alexandre DUMAS et d'autres célébrités de l’époque comme ANDERSEN vinrent aussi lui rendre visite.

Membre de "l'Académie du Gard", il en est le président en 1835. Ce n'est qu'en 1836 qu'il publie ses "Poésies", qu'il dédie à LAMARTINE.
Dans les années 1850, il fait connaissance avec le jeune Antoine BIGOT. Il devient également un proche ami de Gaston de FLOTTE.



Jean REBOUL

La vieille ville d’Aigues-Mortes
La ville du Roi Saint Louis
Enorme étendue entre ses portes
Rêve aux grands environs.
Elle dort mais comme un vieux garde
De son œil rouge grand ouvert
La Tour de Constance regarde
Regarde la plaine et la mer.

De la campagne, de la plage
S’élèvent mille bruits confus
Mais la Tour, géant d’un autre âge
La Tour sombre ne parle plus.
Seulement par les nuits voilées
Le pécheur entend des sanglots,
Et des voix qui chantent mêlées,
Au lointain murmure des flots.

Qui vécut là, des prisonnières
Qui mettaient Dieu devant le Roi
Là, jadis des femmes, des mères
Moururent pour garder la foi.
Leur seul crime était d’être allées
La nuit par un sentier couvert
Fondre leurs voix aux assemblées
Qui priaient Dieu dans le désert.

Mais les dragons, ô temps infâmes
ô lions changés en renards
Les dragons veillaient sus, aux femmes
Braves soldats, sus aux vieillards.
Bientôt d’un peuple dans défense,
Les sabres nus avaient raison
Les Huguenots à la potence
Les Huguenotes en prison.

A jamais ses murailles grises
Me rediront ce qu’ont souffert
Ces paysannes, ces marquises
Ces nobles filles du désert.
Mais dans leur foi, puisant un baume
D’une voix tremblante de pleurs
Ensemble elles chantaient un psaume,
Les cœurs brisés sont les grands cœurs.

Les ans passèrent sur la Tour sombre
Et la porte ne s’ouvrait pas
Les unes veillaient dans l’ombre
D’autres sortaient par leur trépas.
Mais jamais aucune à son maître
De le trahir ne fit l’affront
Huguenotes, il les fit
Huguenotes, elles mourront.
Ah que devant cette ruine
Un autre passe insouciant
Mon cœur bondit dans ma poitrine
Tour de Constance en te voyant.
ô sépulcre où ces âmes fortes
Aux ténèbres ont résisté
ô Tour des pauvres femmes mortes
Pour le Christ et la liberté.
_________________


D'autres excellents poètes, plus proches de nous, ont laissé des œuvres très attachantes sur le pays Cévenol. Ci-dessous, quelques unes de leurs compositions.


Eric VOLAT

MONT LOZÈRE

Suivant les traces marquées de vieux rimailleurs,
J’ai parcouru à pied, les chemins du Lozère.
Toujours je reviens ; si mes vers riment ailleurs.
Ressent comme moi, l’ami ; si tu l’oses, erre !

Sous la neige immaculée de secrets hivers,
Découvre, des gens, les mystères isiaques.
Peut-être saisiras-tu, de cet univers,
L’enivrant parfum, ondes paradisiaques ?

Ciselé dans la pierre par Marie DURAND,
Ici, raisonne encore l’appel hérétique.
Ce cri abscons est : "Résister" ta vie durant.

Cette laconique flânerie poétique,
Au mitan des effluves marquées du genêt,
Agace ma plume trouvère, et le jeu naît.
__________________


Jean SULMON

CHEZ NOUS

Il est un lieu que je révère,
car nous nous y sentons chez nous.
Un lieu que même l’on vénère,
quand j’en parle ma voix se noue.

Un village où l’on parle aux chiens,
Et à toute bête fervente.
Où toute âme trouve les siens,
où la Nature est accueillante.

Un village où on parle au schiste,
au chêne vert ou au figuier,
où l’on sent bien que l’on existe,
dans la garrigue, les halliers.

Un village enfin où, aux hommes,
on peut tenir le vrai langage
de la fraternité, tout comme
on parle dans les foyers sages.

Calmes sous les vielles façades
Au soleil ou dans l’ombre quiète.
mais l’on y est point rétrograde :
On est branché sur Internet !

Vous avez deviné, je gage,
où l’on est si bien entre nous
Eh! oui, c’est là, notre village
C’est notre patrie, c’est chez nous !
__________________


Gaston LIGNY

QUATRE SAISONS EN CEVENNES

Quand les châtaignes tombent au pays camisard
Les clochers de tourmente pleurent au vent des Cévennes.
L’automne est en avance et le ciel se déchaine
Et ça tourne au déluge près de Saint Jean du Gard.
Ici c’est l’éclaircie. Je viens de voir planer
L’âme d’un parpaillot qui est mort aux galères.
Elle plane comme l’épervier qui cherche ses repaires
Croyez-vous que des âmes reviennent sur leur passé ?

Quand le givre dessine aux vitres des bistrots
Des trois mâts qui se penchent et des rires d’enfants,
Quelque part en Cévennes la rue des Blancs manteaux
Est déserte et la lune peint ses toits vif-argent.
L’hiver est long parfois l’hiver est long parfois
Et s’il manque à la fin un joueur de manille
C’est que le temps s’acharne à gagner la partie
Adieu Pierre le normand qui buvait du calva.

C’est le printemps genêt c’est le printemps jonquille
Le printemps giroflée le printemps girofla.
On reparle de Pierre le joueur de manille
Que le temps passe vite ça fait deux ans déjà.
Elle et lui ne font qu’un c’est le vent qui les mène
Les mène dans ce Routard pour le menu du jour.
La cantine sent bon elle sent la marjolaine
Elle sent le pélardon et le bonheur du jour.

Quelque part en Cévennes cette ânesse a bon dos
Pour les coups de sabot elle n’est pas la dernière
Elle trimbale le barda d’une famille entière.
Qui descend dans le Sud pour sa première rando.
Votre ânesse j’entends s’appelle Modestine
C’est un prénom connu elle marche d’un bon pas.
L’été qui se promène de colline en colline
Vient de prendre le frais au pied d’un acacia
__________________


FIN


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MessageSujet: Re: Le pays cévenol vu par les poètes   Le pays cévenol vu par les poètes EmptyMar 23 Aoû - 13:37

Magnifique André ! Que de bons poètes dans ces belles régions !
Merci de nous les faire connaitre !
Bon repos aussi, bientôt d'autres paysages et le beau soleil qui va vous suivre !!!
Gros bisous à vous 3.
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MessageSujet: Re: Le pays cévenol vu par les poètes   Le pays cévenol vu par les poètes EmptyMar 23 Aoû - 18:21

Flamme a écrit:
Magnifique André ! Que de bons poètes dans ces belles régions !
Merci de nous les faire connaitre !
Bon repos aussi, bientôt d'autres paysages et le beau soleil qui va vous suivre !!!
Gros bisous à vous 3.
bis bisounours bibi2



Bonjour FLAMME

Tes appréciations me procurent beaucoup de satisfaction et je t'en suis très reconnaissant.

J'avais déjà pensé concocter une compilation sur les Poètes et leurs régions lorsque, il y a deux ans, j'avais posté : "ANNECY VUE PAR LES POÈTES". Je n'y avais pas donné de suite sans doute trop occupé par d'autres activités poétiques et magiques.

Cette année, et profitant de la saison des vacances où c'est un peu creux sur tous les forums, je me suis dit que cette série d'articles pourrait intéresser quelques membres, puisque toutes ces régions de France constituent également un petit guide "touristique et culturel".

Je ne sais si ALAIN est venu lire ce volet sur la Lozère et les Cévennes. Sans doute aurait-il quelques impressions à y laisser afin de savoir si j'ai été assez lucide dans mes choix. Peut-être, aussi, ai-je oublié quelques auteurs majeurs... Il serait toujours temps de les rajouter.


UN GRAND merci2 ET NOS PLUS AFFECTUEUX bibi2 bibi2 bibi2

Nous avons commencé à préparer les valises.

andre

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MessageSujet: Re: Le pays cévenol vu par les poètes   Le pays cévenol vu par les poètes EmptySam 27 Aoû - 6:14

Très touché comme cévenol et poète, merci André !

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Avec mes amitiés

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MessageSujet: Re: Le pays cévenol vu par les poètes   Le pays cévenol vu par les poètes EmptyDim 28 Aoû - 8:27

Notre poète cévenol n'a pu être que touché par cette compilation superbe. Encore un beau travail de recherche. petitbis
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MessageSujet: Re: Le pays cévenol vu par les poètes   Le pays cévenol vu par les poètes Empty

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