Rêverie

Rêverie


J’ai rêvé que la paix, une aube de lumière
Se levait pour toujours sur notre vieille terre
Que les chants des enfants qui montaient dans les rues
Effaçaient à jamais l’explosion des obus
J’ai rêvé que le ciel au couleur du couchant
Ne se teindrait jamais de la couleur du sang
Que les eaux des ruisseaux, des sources, des fontaines
Laveraient pour toujours les sentiments de haine.
J’ai rêvé de chansons montant des boulevards
Au lieu du grincement des chenilles des chars.
J’ai rêvé d’amitié et non d’humeur guerrière
Qu’il n’y ait plus de soldats mais seulement des frères
Que les armes en fleurs deviennent des bouquets
Que les balles, le plomb, se changent en muguet,
Que les drones enfin, les missiles, les bombes
Se transforment aussi en un vol de colombes.
Rêvons que les outils construits pour travailler
Ne deviennent jamais des armes pour tuer,
Que les dix doigts des mains que l’on tend pour aider
Ne deviennent jamais des poings prêts à frapper.
Rêvons que tous ces mots que l’on hurle si fort
Ne se changent soudain en message de mort.
Rêvons qu’on ne pourra jamais plus conjuguer
L’horrible mot « tuer », mais le beau verbe « aimer »
Dans tous les vieux parlers, les patois, les langages,
Depuis l’aube des temps jusqu’à la fin des âges.
Rêvons que nous vivrons comme l’arbre ou la fleur,
Qu’on partira comme eux en ignorant la peur,
Lentement, doucement, en aimant la beauté,
Et nous ne mourrons pas en cessant d’exister.
Rêvons qu’on finira le chemin de nos jours
Dans des temps de bonheur, et des siècles d’amour.
Rêvons que nous avions tous ensemble voulu
Que la paix soit un jour et qu’alors… la paix fut !

Rêvons tous maintenant pour qu’enfin la paix soit
Et sûrement qu’un jour, alors…
La paix sera !