Almanach des vers tronqués
O Muse comment en faire
Quand les beaux vers
Se trouvent tronqués
Et l'inspiration manquée
Et l'on trouve nos Rouge-gorges
Sans queue et sans gorge
Perdant leur belle viole
Et de l'aile balayant le sol
L'on se met à marteler
Ces fins couplets
Et entre le marteau et l'enclume
Le zèle part en écume
Jadis l'épique Hugo
Épris du culte du beau
Disait au lyrique Lamartine
De remanier une de ses lignes
Et le Cygne de Mâcon
Inspiré de l'Hélicon
Chantant sans entrave
Sur le ton aigu ou grave
Comme Philomène chante
Comme l'onde serpente
Comme le roseau soupire
Comme la sève s'étire
Répondit avec un peu de dédain
Qu'il a la Lyre, non la truelle à la main
Couler est le filet des chansons
Raturer est l'œuvre des maçons
Et l'Art fleurissant en Théories
Faisait dire au soucieux Valéry
Que la Muse ne nous donne
Qu'un vers en don ou aumône
Et entre les Méditations et Les Orientales
S'étend un vacillant canal
Et si l'on dévie le chemin
On tombe dans le Cimetière Marin
Et l'on porta préjudice
Pour un rayon de justice
Auprès de Poésie Française
Assise sur sa somptueuse chaise
Celle-ci jugea avec sourire
Que pour bien écrire
Et récolter les belles livrées
Suivez l'Art des Émaux et Camées.
Luthoriental
