Un petit coin de campagne pour l'inspecteur 7

Un petit coin de campagne pour l’inspecteur 7,
L’inspecteur les invita à sa table et leur commanda un café : étant donné qu’ils étaient en service commandé, Il ne pouvait mieux faire, d’autant que sa bourse était très à plat comme à l’accoutumée. Tout son argent partait dans les factures et les dettes accumulées au fil des mois ! Et puis il ne voulait pas nourrir toute une brigade. Sans compter que son séjour à la chambre d’hôte allait lui couter une petite fortune, presque quatre cent euros pour la semaine rien que pour le gite et le couvert. Et, ce n’était pas prévu dans son budget de fonctionnaire : ses fins de mois étaient toujours si difficiles. Mais il avait besoin de vacances et de dépaysement et il avait choisi la région vosgienne pour ces grands espaces, ces ballons enneigés, son calme et la convivialité réputée des habitants.
Les hommes s’assirent tant bien que mal sur des chaises style rustique autour de l’inspecteur. Le salon était exigu mais les policiers jouèrent des coudes et le briefing put commencer. Ce dernier s’enquerra aussitôt de l’affaire Omar KAFI et fut satisfait des informations récoltées. L’homme avait été appréhendé à son domicile, sans coup férir ni forcing policier : il avait obtempéré facilement aux injonctions du commissaire suisse. D’après les sources policières, il semblait les attendre comme s’il avait quelque chose sur la conscience. Il n’avait pas protesté ni fit mine de s’enfuir dans son pays d’origine : voilà qui était très étonnant, pensa l’inspecteur. Il était en route pour la France sous mandat d’amener. Ceci était une excellente nouvelle. D’ici quelques heures, l’individu serait interrogé par ses soins et il avait beaucoup de choses à lui demander. En ce qui concernait la victime, les photos placardées n’avaient rien donné. A n’en pas douter, elle n’était pas de la région et personne ne l’avait portée disparue. Il espérait que Monsieur Kafi en sache un peu plus et qu’il acceptât de témoigner.
Des résultats partiels d’analyse étaient tombés : aucune empreinte similaire dans les fichiers du grand banditisme national, de même pour les indices récupérés ! L’inspecteur s’y attendait un peu mais il fut quand même déçu. Il espérait maintenant grandement sur le témoignage du sieur Kafi : il était peut-être la dernière personne à l’avoir vu vivante, la belle Carlotta ! Pour le moment, les informations de la serveuse s’avéraient justes.
L’inspecteur mit fin à la conversation de travail : il ne pouvait plus rien faire qu’attendre. Il en profita pour poser des questions sur l’environnement, les lieux pittoresques à visiter, les excursions éventuelles à faire, les activités de la région, la culture et le patrimoine à découvrir, les spécialités gastronomiques, ainsi il s’épargnerait d’acheter un guide routard. Il avait déjà récupéré quelques prospectus à l’accueil. Il lui fallait rester malin, même en vacances !
Mais la conversation s’épuisant, l’inspecteur se leva et serra chaleureusement la main à ses collègues, leur donnant rendez-vous pour le lendemain : même heure, même endroit !
Il se verrait bien commissaire, à la tête d’une brigade comme celle-ci ; l’inspecteur rêvait un peu trop mais c’était sa façon à lui de faire face aux affaires encombrantes et difficiles à résoudre : il avait besoin de s’évader mentalement et de faire de l’autodérision. Il préférait de loin travailler en solitaire.
Lucienne le 01.03.2016