mes débuts en poésie

Chemin de traverse !

Où va-t-il donc, ce chemin récurrent, parcourant vos tableaux ?
Il semble n’avoir ni début, ni fin, pareil à un ondulant serpent,
Qui se loverait dans vos toiles, ondoyant, et d’autant plus beau
Il file droit devant ou sinue, nous entraînant dans votre arpent,
Vos jolis paysages, bien qu’à notre regard, se dérobe, quelquefois
A la sortie d’un village, à l’orée d’un bois ou derrière une barque,
Au détour d’une haie, ou sur la grève d’une plage, souventes fois
Il nous interpelle, ce sentier récursif, parce qu’il nous «rembarque»
Dans nos interrogations, en nous rappelant, avec ou sans raison,
Que la vie n’est que court passage ! La virtuosité de votre pinceau,
Ajoutée à la tonalité de vos toiles sont d’une adorable déclinaison
Ce chemin représenterait-il votre vision de l’existence, votre sceau ?
Il est tellement hardi, voire insolent quand il scinde vos aquarelles
Il aiguise notre regard, l’entraîne jusqu’au bout, sans controverse
Il embellit vos œuvres, les canalisant, à la manière d’une passerelle
Qui jalonnerait notre labyrinthique parcours : chemin de traverse !


Lucienne MARTEL le 11.01.2010

Bohémienne,
Où allez-vous donc, jolie gitane, par ces chemins caillouteux ?
Auriez-vous perdu la caravane, dans ces matins brumeux ?
A moins que vous ne soyez tzigane : c’est un destin heureux
De vous avoir rencontrée, Bohémienne, sur ces lopin herbeux !
Je cherche une belle magicienne avec ses escarpins fabuleux ;
Son visage est maquillé à l’ancienne, elle a le grain pulpeux
Et un ténébreux regard d’Egyptienne, dans leur écrin soyeux !
Dévoilez l’avenir, BelleVoyante, et décelez le gredin affreux
Qui m’a volé ma Mie, mon Amante : malandrin pernicieux !
J’aimerais que vous le désenchantiez, ce vil gandin hideux !
Je vous donnerais mille écus d’or, des atours fins, somptueux,
Et plus plaisant trésor encore : un petit jardin si luxurieux
Qu'il y pousserait des boutons d’or et un diablotin facétieux !
Vous y poseriez votre vie de bohème, et ce baladin fougueux :
Vous offrirait tant beau diadème et alexandrins merveilleux !
Et Il jetterait ainsi l’anathème, sur vos chagrins torrentueux !
Il ne serait point Polichinelle, non plus Arlequin, tempétueux !
Vous le savez très bien, Romanichelle! Dans ce taquin tortueux,
Hélas, au bas de son échelle, il resterait un faquin amoureux !
Je vous rends votre bel anneau d’or dans son écrin précieux :
Je ne jouerai plus au picador, ni à ce crin-crin disgracieux !
Je grimperais dans mon mirador, à tous crins, très silencieux !
Adieu, ma Mie, mon âme ! Las, j'espérais enfin, prétentieux,
Que les voyages de Ma Dame prendraient fin, si fastidieux !
En mon cœur, quel drame ! Je regrette ces confins mystérieux
Qui me firent espérer, Dame! Je ne fus qu' aigrefin à vos yeux:
Les miens s'embuent de larmes! Mais, mon cœur blessé, pleureux
Vous souhaite belle destinée et doit vous laisser : Soyez heureux!


Lucienne MARTEL le 01.01..2010

Rivages…
Bercée par le ressac incessant de ces ondes claires, je respire les embruns salés venant du large.
Caressée par un petit vent léger, mon esprit, enfin, s’évade vers d’autres horizons, très loin de la cohue et des bruits.
Je n’aspire plus qu’à la nature. J’écoute l’intarissable clapotis des vagues s’échouant sur le sable fin, se jetant à mes pieds, mourant sur la grève, puis reculant et repartant au loin, sans trêve.
Les rayons du soleil, alors à son zénith, embrasent mon corps et réchauffent mon âme.
Peu à peu, les bruits familiers s’estompent, se confondent, fusionnent et je m’endors, minuscule grain de sable dans cette immensité.
Cajolée par la brise, rassérénée, alanguie, en osmose avec Moi, mon esprit se libère de ses limites et mon cœur bat au ralenti, empli de joie en communion avec Dame Nature.
Je suis entièrement en harmonie avec Elle, sans âge ni douleur : c’est la synergie parfaite.
Et, je rêve d’un ailleurs, à cette beauté sauvageonne me donnant tant mais, je le sais, je le sens, peut tout me reprendre aussi.
Ciel ! La tempête arrive en force, se déchaîne et balaie tout sur son passage, sans état d’âme.
Les vagues, soudainement gonflées, me submergent et me laissent anéantie. Des rafales de sable soufflent sur moi, cinglant mon cœur de milliers d’impacts douloureux, indélébiles.
Mon esprit se réveille, cruellement, à la réalité du quotidien auquel je ne peux me soustraire.
Cet idyllique et utopique voyage s’achève : ultime escale ! Il commença si bien, pourtant. J’y étais.
Hélas, le havre de paix a disparu, faisant la place à la tourmente et aux souvenirs pernicieux.
Allons, du courage ! Je dois reprendre le chemin, le vrai, le mien : tout n’est pas perdu, loin s’en faut.
Et, si je pensais à demain ? Mes rêves me feront, peut-être, accéder à d’autres rivages, plus ensoleillés, plus sereins.
Après tout, pourquoi ne prendrais-je pas d’autres…Virages ?

Lucienne MARTEL le 08.11.2009