L'inspecteur part en chasse 5

L’inspecteur part en chasse 5,
L’inspecteur avait appris beaucoup sur la psychologie de ces prédateurs. Il avait affaire à deux cas de pédophilie de proximité.
Psys et professionnels de l’enfance maltraitée étaient unanimes : la très grande majorité des actes de pédophilie impliquaient l’entourage de l’enfant. En premier lieu, le cercle familial large, le cousin Luc Chatier pour la petite fille suivi de l’entourage scolaire, éducatif et des loisirs pour l’ancien éducateur Marcel Duchamp. Pour l’enfant, l’adulte était une représentation du parent, celui qui pouvait user de son autorité et faire jouer les liens affectifs. Le pédophile de proximité bénéficiait soit d’une position sociale qui le plaçait de facto « au-dessus de tous soupçons », soit de la confiance de la famille. Tous les professionnels de l’enfance reconnaissaient que le pédophile de proximité ne frappait pas au hasard.  Ils repéraient les enfants en quête affective, soumis facilement à la volonté de l’adulte. Ces enfants étaient élevés dans le “faire plaisir” à l’adulte, ils avaient appris à se soumettre et n’avaient pas conscience de leurs droits. Ils faisaient partie tous deux des pédophiles préférentiels : ils n’aimaient que les enfants. Pour certains pédophiles, leurs attirances faisaient partie intégrante de leur personnalité et ils vivaient en harmonie avec elles. Pour d'autres, la présence de telles attirances était un élément perturbateur, source d'angoisse, de culpabilité et de honte. Ce dernier élément intéressait au plus haut point l’inspecteur : il espérait que Luc Chatier ne fut pas encore passé à l’acte et que la petite fille était restée innocente. Peut-être que cette attirance ne fut qu’affective. Une visite médicale et psychologique approfondie s’imposait. C’était souvent dans les situations d'inceste que les traumatismes étaient les plus profonds
Il s’agissait, du moins il l’espérait, d’une personne immature (ayant des relations pauvres ou médiocres avec les  adultes) ou pervers (aimant l'idée de contrôle sur l'autre et de puissance) qui avait repéré sa cousine un peu isolée, chez les grands-parents, en difficulté psychosociale, faible, en demande d'affection pour l'entraîner dans une relation affective malsaine. Il avait dû approcher et apprivoiser l'enfant pour la mettre en confiance et l'emmener dans une relation affective forte lui permettant d'avoir avec l'enfant des contacts sexuels (attouchements…).
Il entretenait le secret, un chantage affectif, la naïveté de l'enfant ('quand on aime vraiment un enfant c'est normal d'avoir des relations avec lui') dans les cas les plus 'soft', la honte, la culpabilité ou la menace comme moyens de contrôle sur l'enfant dans les situations plus violentes.
L’inspecteur en était là de sa lecture quand le téléphone sonna. Les policiers avaient interpelé Luc Chatier à son domicile, avaient saisi son matériel informatique, des photos et vidéos pédopornographiques. Le fait, en vue de leur diffusion, de fixer, d'enregistrer ou de transmettre des images ou la représentation d'un mineur lorsque ces images ou ces représentations présentaient  un caractère pornographique était puni de trois ans d'emprisonnement et de quarante-cinq mille euros d'amende,  la tentative des mêmes peines. L’inspecteur demanda au juge d’instruction un mandat d’arrêt immédiat qui, vu les circonstances gravissimes lui étant reprochées ainsi que les preuves matérielles récupérées, lui fut accordé sur le champ.
En attendant la comparution du présumé coupable, il téléphona à son collègue cybergendarme qui s’occupait de la lutte contre les nouvelles formes de criminalité, en rapport notamment avec l'utilisation de l'Internet Il n’avait toujours pas retrouvé Marcel Duchamp mais il se pourrait que son signalement déboucha sur une vaste opération comme c’était arrivé avec l’opération « Arc-en-ciel ».
De toute façon, la ville était quadrillée par les forces de police et les endroits sensibles protégés : piscines municipales, écoles, parcs et jardins, tout endroit susceptible d’être fréquenté par des enfants. L’inspecteur était satisfait de sa journée. Son affaire prenait bonne tournure et il avait le champ libre et l’aval du procureur de la République pour mener l’enquête comme il l’entendait.il prendrait les précautions nécessaires pour éviter toute nouvelle agression sexuelle : le sieur Duchamp aura bien du mal à passer entre les mailles du filet. L’inspecteur pouvait s’octroyer quelques heures de sommeil
Lucienne le  18.02.2016