Les vacances de l'inspecteur 4

Les vacances de l’inspecteur 4,
L’inspecteur dormit du sommeil du juste : il ne fit pas de rêve, bien trop fatigué pour ça. Il se réveilla en pleine après-midi, frais et dispos mais l’estomac dans les talons. Avant de faire sa collation, il fit un large tour dans la salle d’eau, prit un bain et se rasa méthodiquement quand un bruit incongru le fit se retourner : quelqu’un grattait à sa porte.
Il alla ouvrir et, surprise, c’était son alter ego qui se présentait au seuil. Il le laissa entrer après un bref bonjour et une poignée de main plus franche que la veille. Celui-ci alla droit au but pour lui dire que son enquête n’avançait pas : il n’avait pas trouvé l’identité du cadavre et il était dans l’impasse. Il leur faudrait faire une enquête de proximité et lancer un appel à témoins. En placardant la photo de la jeune fille dans les localités alentour, c’est bien le diable si personne ne l’identifiait.
Pour l’heure, l’inspecteur invita son homologue à partager son repas. Ils descendirent à la salle de restauration et se servirent copieusement au buffet froid. L’ambiance tamisée de la pièce et les alcôves permettaient de s’isoler sans oreilles indiscrètes. Ils pourraient discuter de l’affaire tranquillement.
L’inspecteur exposa ses suppositions et lui dévoila ses trouvailles sur le terrain. L’autre, contrairement à ce qu’il pensait ne s’en formalisa pas. Il était  juste un peu vexé de ne les avoir trouvées lui-même. Mais c’était déjà un début de piste. L’inspecteur les avait soigneusement emballés et lui remit en même propre à fin d’analyse : le laboratoire saurait les faire parler.
Leur repas terminé, ils se quittèrent après un dernier café arrosé. L’inspecteur partit à la découverte du pays : depuis la veille, il n’en avait pas vu grand-chose. Cela lui permettrait ainsi de discuter avec les autochtones et qui sait, de pêcher quelques renseignements utiles pour l’enquête de son collègue.
Hélas, dans ces petits villages de l’arrière-pays, les langues avaient du mal à se délier et les portes restaient closes. Il fallait montrer patte de velours et contourner l’obstacle. Il chercha dans les vieux quartiers des âmes charitables qui veuillent bien faire un brin de causette devant un bon verre ou un petit noir. Il finit par dénicher un vieux paysan rougeaud, qui n’avait pas l’air de cracher sur la bibine et qui, pour une chope de bière était prêt à lui donner quelques informations. Il connaissait cette campagne et, pour cause, elle jouxtait la sienne. Et ce soir-là justement, il labourait son champ : il en était à sa dernière parcelle quand il vit, sur le chemin allant au bois, une grosse voiture gris métallisé débouler à toute allure, avec un couple de jeunes gens à l’intérieur mais il ne les connaissait pas. Il avait simplement remarqué que c’était une grosse cylindrée et qu’elle faisait tâche dans ce paysage désertique. Par réflexe, il avait partiellement retenu l’immatriculation de véhicule : N. 12.45.
C’était tout ce qu’il savait et après un dernier verre, il mit fin à la conversation et prit congé.
L’inspecteur était content : enfin, quelque chose de concret à se mettre sous la dent.
Même incomplet, ce numéro lui semblait suisse. En consultant méticuleusement le fichier international des immatriculations, il remonterait au propriétaire du véhicule. Il donna un coup de fil au service concerné afin qu’il fasse diligence pour le retrouver. L’enquête avait avancé d’un grand pas : ne restait plus qu’à attendre les résultats.
Il était temps pour l’inspecteur d’aller faire une balade pour se libérer l’esprit et s’oxygéner : il faisait grand soleil  et il devait en profiter avant que le mauvais temps ne revienne.
Lucienne le 13.01.2016