Jeanne insouciante (Glose sur Victor Hugo)

La "glose" est un genre poétique apparu très tôt en poésie, dès 1175. Exercice de style parfaitement défini, il s'apparente à la parodie. C'est un poème connu paraphrasé en strophes de quatre vers, de telle façon que, du premier au dernier vers, chacun des vers du poème d'origine reparaît à son tour dans la "glose", comme dernier vers de chacune des strophes.

JEANNE INSOUCIANTE

« Glose » sur un poème de Victor HUGO

Tout lui sourit et peu lui chaut de l’embarras,
Tant que la vie sans ses soucis, bénie, l’honore.
Elle fait fi de tout tracas : bon débarras !
Jeanne parle, elle dit des choses qu’elle ignore.

Elle prend tout avec grande légèreté,
Ne se préoccupant que de ce qu’elle adore,
Et parfois agissant avec naïveté,
Elle envoie à la mer qui gronde, au bois sonore

L’interlocution menant à la contrainte.
Ne désirant être la proie de tout tourment,
Jeanne, habile, expédie, et pour chasser la crainte,
À la nuée, aux fleurs, aux nids, au firmament

Chaque petit problème et se sent soulagée.
Marchant parmi les fleurs, bien inconsciemment,
Elle fredonne un air de quiétude gorgée
À l’immense nature : un doux gazouillement.

Et le chant des oiseaux accompagne ses pas,
Tandis que dans l’éther la lune, enfin, se lève,
Quand semble chuchoter à la ronde, ici-bas,
Tout un discours, profond peut-être, qu’elle achève.

Sans souci et bohème, elle prend tout son temps ;
Se grise pour un rien et aux journées prélève
Ce qu’offre le meilleur pour qu’il dure longtemps,
Par un sourire où flotte une âme, où tremble un rêve.

Jamais désemparée, jamais le vague à l’âme,
Elle aime parcourir, le regard éveillé,
Ce sentier solitaire où son esprit se pâme :
Murmure indistinct, vague, obscur, confus brouillé

Qui la guide et l’escorte au jour qui s’amenuise
Et dont elle désire au babil détaillé,
S’entretenir sans fin et sans qu’elle s’épuise…
Dieu le bon vieux grand père, écoute émerveillé.

ANDRÉ
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Victor HUGO

JEANNE FAIT SON ENTRÉE (Poème original)

Jeanne parle ; elle dit des choses qu'elle ignore ;
Elle envoie à la mer qui gronde, au bois sonore,
A la nuée, aux fleurs, aux nids, au firmament,
A l'immense nature un doux gazouillement,
Tout un discours, profond peut-être, qu'elle achève
Par un sourire où flotte une âme, où tremble un rêve,
Murmure indistinct, vague, obscur, confus, brouillé.
Dieu, le bon vieux grand-père, écoute émerveillé.
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La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André Laugier)

Merci André pour ce sublime poème. ce genre poétique, pourtant pas facile, tu l'as réussi avec grande dextérité.

Claude3240 a écrit:: Merci André pour ce sublime poème. ce genre poétique, pourtant pas facile, tu l'as réussi avec grande dextérité.

Bonsoir CLAUDE,

Rien ne peut remplacer la satisfaction d'avoir composé un poème personnel. C'est, je crois, ce qui est la suprême récompense pour tout Poète mettant le point final à ses vers, et recevant les premières impressions favorables de la part de ses pairs.

Cependant, et de tout temps, les "jeux poétiques" ont eu la faveur des versificateurs désirant se confronter au côté "ludique" des constructions de phrases, dans des exercices de style, tels que les "pastiches", les "parodies", les "fables-express", les "dilatations", les "condensations", les "centons", les "lipogrammes" ou encore la "glose".

Mais comme on dit, quand on aime, la difficulté paraît moindre, et quel poète n'a jamais écrit quelques uns de ces vers sortant des sentiers battus, pour le plaisir de "jouer avec les mots", tout simplement ?

Je reconnais que "la glose" repose sur une contrainte majeure : celle de la longueur du poème. Il faut déjà trouver une poésie assez courte, car il faudra multiplier par autant de vers un texte de seulement 8 mètres, comme c'est le cas par exemple, sur cette œuvre de Victor HUGO. 32 vers incompressibles deviennent nécessaires. Plus le poème s'allonge plus le risque est grand de s'éloigner de l'esprit de l'œuvre originale. Voilà la principale difficulté. Tout doit rester parfaitement linéaire en demeurant très proche de l'atmosphère du sujet pris pour cible.

J'adore la richesse et les possibilités offertes par la langue française. Aussi, de temps à autres, et sortant de mes habitudes de poète paysagiste, il me plait de titiller les vers, soit dans l'humour, soit dans un registre plus sérieux, comme ce fut le cas avec cette "glose" sur Victor HUGO.

Ton commentaire que je sais très sincère, me comble et me récompense amplement des quelques sueurs froides entretenues durant la composition de cet exercice de style.

Je t'en suis VIVEMENT RECONNAISSANT, Cher CLAUDE.

UN GRAND MERCI.

Passe une douce soirée.

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La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André Laugier)

Messages : 3013 Date d'inscription : 14/10/2015 Age : 69 Localisation : LIMOUX

Qu'elle reste innocente le plus longtemps, ta belle jeanne :elle se forgera de beaux souvenirs
Superbe poème dans un genre que je ne connaissais et où tu excelles André
merci pour cette plume talentueuse en partage et bravo pour l'exercice
Gros bisous bis

Lucienne MARTEL a écrit:: Qu'elle reste innocente le plus longtemps, ta belle jeanne :elle se forgera de beaux souvenirs
Superbe poème dans un genre que je ne connaissais et où tu excelles André
merci pour cette plume talentueuse en partage et bravo pour l'exercice
Gros bisous

Bonsoir LUCIENNE,

Comme ces derniers temps j'étais trop sur la brèche pour pouvoir écrire des poèmes entièrement personnels, je me suis rappelé un exercice sur lequel je ne me suis que peu exercé par rapport aux "dilatations", aux "patchworks poétiques" ou aux lipogrammes, par exemple. Alors, comme ce brave Victor HUGO avec sa "Jeanne fait son entrée", m'a offert l'opportunité de "gloser", j'ai profité de son court poème pour faire "mon entrée", moi aussi, dans ce genre qui date de 1175, et qui reste cependant assez peu connu des poètes.

J'avoue que je me suis régalé, même si, à vrai dire, au fur et à mesure de la composition des vers, je me demandais si je n'allais pas m'enliser dans un hermétisme qui demeurait ma grande préoccupation.

Si j'en juge par tes mots, je pense que je ne m'en suis pas trop mal sorti, finalement. Quel moment agréable que de lire de telles impressions ! Mais tu me connais, Chère LUCIENNE, cette satisfaction n'enlève rien à l'humilité dont je ne me départirai jamais.
Il me restera TOUJOURS à apprendre.

MILLE et une très agréable soirée.

DE du marseillais.

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La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André Laugier)

Une très bonne idée, juste un vers et le thème est donné.
Il faut bien le suivre et prendre comme tu le signales un court poème.
Bravo André, comme toujours tu excelles dans ce genre d'exercice !!!
Tu gloses très bien ! sourir

il pleut beaucoup en gironde, alors plein de gouttelettes de bisous pour vous.

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Jeanne insouciante (Glose sur Victor Hugo) 110108034927815720

Flamme a écrit:: Une très bonne idée, juste un vers et le thème est donné.
Il faut bien le suivre et prendre comme tu le signales un court poème.
Bravo André, comme toujours tu excelles dans ce genre d'exercice !!!
Tu gloses très bien !
il pleut beaucoup en gironde, alors plein de gouttelettes de bisous pour vous.

Bonjour FLAMME,

Le problème, c'est de trouver un poème court. Déjà, huit vers paraissent énormes quand il s'agit de faire huit quatrains... Cependant, je crois que le plus compliqué de tous ces exercices de style demeure bien le "centon", puisqu'il faut faire rimer entre eux des vers choisis parmi ceux de poètes tous différents, tout en conservant un sens à l'ensemble. La curiosité c'est que dans le "centon", s'il n'y a aucun vers personnel à imaginer, le temps passé pour trouver des rimes similaires d'auteurs distincts, est considérable, jusqu'à devenir fastidieux.

De temps à autres, néanmoins, ces exercices qui font cogiter, titillent les neurones, et s'avèrent être des formes où s'illustrent toutes les règles et les traits spécifiques du langage poétique, nous incitant aux jeux de la composition dans autant de transformations qui ne sont jamais reniement.

TOUS MES VIFS REMERCIEMENTS POUR TES MOTS D'AGRÉMENT. Peut-être que quelques poètes du forum se laisseront tenter par l'aspect ludique de la "glose"...

Le temps, chez nous, est voilé, mais nous n'avons pas de pluie. Par contre, le thermomètre grimpe allègrement vers les 16 degrés dans la journée. Trop doux pour la saison.

UN NUAGE DE et une excellente journée.

CARPE DIEM

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La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André Laugier)

Encore un style demandant un effort intellectuel important. D'abord dans le choix du poème à "gloser" puis dans l'écriture proprement dite... Pas simple, pas simple. Mais tu as su brillamment relever le défi comme toujours. petitbis

fripou a écrit:: Encore un style demandant un effort intellectuel important. D'abord dans le choix du poème à "gloser" puis dans l'écriture proprement dite... Pas simple, pas simple. Mais tu as su brillamment relever le défi comme toujours.

Bonsoir FRIPOU,

Tu sais, à partir du moment ou un poète est habitué à l'écriture classique, il peut diversifier son art à loisir, et dans pratiquement tous procédés existants. Il n'est plus tenu par les règles, car bien entendu, pour travailler et jouer avec une certaine aisance sur les vers de nos auteurs classiques, il faut, avant tout, maîtriser les conventions et les normes qui se sont affinées au cours de siècles.

Autrement dit, libéré de ce carcan, il n'y a plus rien qui s'oppose à titiller le verbe et à s'initier à ces exercices de style ludiques. Cela ne dépend plus que de l'imagination et du désir de s'intéresser aux traits spécifiques du langage poétique, qui nous offre tant et tant de "formes" à exploiter. On sait que les poètes sont curieux par nature, et que la soif d'acquisition et d'expérimentation demeure cette force qui caresse leur ego.

Rien de très compliqué, finalement, dans la "glose". Son handicap de taille n'est pas la composition, mais bien de pouvoir trouver un poème assez court pour éviter un nombre important de strophes qui risque de faire éloigner du sujet.

Je te suis INFINIMENT RECONNAISSANT de tes mots d'assentiment et de partage qui m'honorent beaucoup, tout en restant absolument convaincu que cet exercice de style est accessible à la grande majorité de nos Ami(e)s poètes qui fréquentent le forum.

Passe une douce soirée.

UN GRAND ET D'AFFECTUEUX DE NOUS 3.

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La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André Laugier)

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