Sale histoire pour l’inspecteur 2,

Sale histoire pour l’inspecteur 2,

C’est alors qu’en chemin, dans le halo des lampadaires, il remarqua les chaussures du jeune homme. Elles avaient l’air de correspondre aux empreintes trouvées sur les lieux du crime.
Mais il savait que ce n’était pas une preuve suffisante : il lui fallait les résultats des relevés, des recherches d’ADN et toute la panoplie scientifique de la médecine légale.
Au cours de ses nombreuses enquêtes, il avait fait des erreurs d’estimation : trop de précipitation nuit et faussait les données, il lui fallait agir avec prudence !
Les bruissements du vent dans les champs de blés et les vallons lui faisaient du bien et lui rappelaient une romance passée. Il pensait à sa petite amie du moment : elle était tellement ravissante avec ses jolis yeux verts et ses boucles blondes, un corps de mannequin et un sourire éblouissant…
Mais pour l’heure, il avait d’autres chats à fouetter que de rêver à cet amour sans lendemain qui l’avait meurtri : il ne s’en était jamais remis. Et, à part quelques conquêtes par-ci, par-là, il était resté un célibataire endurci. Il est vrai que sa profession était difficile et laissait peu de place à une vie de famille ordinaire : il n’était pas suffisamment disponible.
Il reprit rapidement ses esprits et réfléchit à ce crime horrible. Un imprévisible bruit de ferraille le fit se retourner, ce n’était qu’un chien dans une poubelle. Il était sur les nerfs, ce soir et il avait hâte de finir son travail.
Soudain, il se souvint que c’était pleine lune et que quelques hallucinés faisaient encore le sabbat comme au temps du Moyen-Âge. Serait-ce une histoire de chasse aux sorcières, prélude à quelques rites sataniques ? Il est vrai que les deux jeunes gens avaient plutôt l’air du genre Gothiques.
Mais il ne devait juger ni à l’habit ni à l’allure : il avait besoin de faits et de certitudes, c’était l’essence même de son métier.
Il voulut en avoir le cœur net. Il prit sa plume et nota quelques mots : éléments vestimentaires habituellement associés au libertinage sexuel, sans doute exploités par goût de la provocation et pour revendiquer une certaine liberté individuelle, vécue ou non, maquillage outrancier, jupes raccourcies, résilles, menottes, chaînes, clous et autres pointes métalliques, piercings …
Il n’était pas familiarisé avec ces nouvelles tendances : la mode, pour lui était celle des années 30 et sa tenue privilégiée, celle des détectives à la Humphrey Bogart.
D’être vêtu dernier cri n’était pas sa priorité.
Il vérifiera une fois arrivé à son bureau : avec internet, il aurait des informations plus précises et plus rapidement.
Pour l’heure, il avait hâte de retrouver son bureau, d’avaler une bonne rasade de vieux bourbon, de fumer une cigarette et de commencer à se pencher sur ce dossier.
Quelque chose lui disait que ce n’était pas gagné d’avance …
Lucienne le 24.12.2015