LE COIN POÉTIQUE DE FRIPOU
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 Les poètes et l'écriture. (Essai)

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AuteurMessage
André Laugier

André Laugier


Messages : 7152
Date d'inscription : 25/01/2015
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MessageSujet: Les poètes et l'écriture. (Essai)   Les poètes et l'écriture.   (Essai) EmptyJeu 30 Juil - 11:39



LES POÈTES ET L'ÉCRITURE.

ESSAI.


On peut tomber facilement amoureux de la Muse et lui faire la cour, mais elle, de son côté, ne nous dispense ses charmes et ses révélations qu'avec parcimonie, et une fois qu'elle est sûre que nos sentiments envers elle sont réguliers et généreux. Alors seulement, à ce moment précis, elle nous accordera ses faveurs, de bonne grâce, et nous initiera à ses arcanes. Mais ce n'est pas une Dame simple et facile à séduire et à comprendre. Heureux les quelques élus qui font partie de ses amants.

Les Poètes ont ce grand avantage de pouvoir faire avec la langue dont ils usent tout ce qu'ils désirent, où à peu près. Ils sont tenus, pourtant, avant d'exprimer des idées ou des sentiments, à se préoccuper du rythme, des mesures, des assonances, des allitérations. Là, réside essentiellement leur travail. En effet, la poésie est tenue par des règles précises : nombre de syllabes, rimes régulières, qui peuvent être plates, riches, croisées, embrassées, etc… C'est de cette régularité, de cette mesure difficile que naît l'harmonie, la "musique".

La poésie doit être capable d'exprimer les pensées les plus profondes que l'intelligence puisse former grâce aux mots, ces mots vivants et autonomes qui, si on les laisse suffisamment libres, savent s'arranger entre eux pour s'assembler en des vers qui exprimeront des choses dont l'homme même n'est pas conscient. Le Poète doit faire en sorte que la sensibilité des mots s'impose au poème et joue sur ce registre en les mariant entre eux.

"Les mots font l'amour" disait A. BRETON, dans "Les Pas perdus. 1934".

Le mot à un pouvoir magique, un pouvoir de séduction puisqu'il suffit de le dire pour faire "apparaître" l'objet : il est CET objet, et possède un pouvoir divin. La poésie est donc emblématique de la pensée et de l'expression. Comme l'a écrit Jean COHEN, dans sa "Structure du langage poétique" : "le Poète est celui qui ne parle pas comme tout le monde. Qui peut transgresser les règles de la langue, cette langue qui, en linguistique moderne, est basée sur une hypothèse mécanique au sein d'une théorie linguistique générale."

En poésie, combien d'anormalités sont valorisées positivement ; ses fautes devenant beautés (au pire, licences poétiques), car, la poésie, c'est l'antiprose. Plus un texte s'éloigne de la norme prosaïque, plus il se charge de poésie. Une telle conception a le mérite de souligner cette transgression dont je parlais au tout début de l'article, "transgression" qu'opère toute poésie dans la "violence" qu'elle recèle et qu'elle déploie à travailler le langage. En contre partie, elle se heurte au phénomène inhérent à toute théorie utilisant cette notion "d'écart" : comment déterminer le niveau de langue neutre et non marqué, autrement dit, la norme de la prose ?

On sait bien qu'il est quasi impossible de mesurer un écart par rapport à une norme évanescente ou inexistante. Paradoxalement, la poésie inverse un caractère fondamental du langage : l'arbitraire du signe. J. P SARTRE a beaucoup insisté sur ce point, sachant qu'on admet, depuis SAUSSURE, que le signe linguistique est constitué de deux faces indissociables : le "signifiant" (image acoustique, forme matérielle) et le "signifié" (concept). Ce lien, qui unit les deux, est arbitraire, supposant que le "signe" n'est pas motivé. Autrement dit, il n'y a aucune relation nécessaire entre le "signe" et le "référent", c'est-à-dire la réalité extra-linguistique qu'il désigne.

J'en suis amené à penser que, par rapport au linguiste, le poète oublie "volontairement" que les mots, sont des signes arbitraires. Il fait, en sorte, comme si ces mots, au lieu de les désigner, représentaient les choses. Pour être concret, disons qu'il utilise (ou invente) leur pouvoir représentatif; n'hésitant pas à les transformer, harmonieusement, en "images" des choses.

"La véritable poésie tend toujours à une certaine imitation de ce qu'elle signifie au moyen de la matière du langage", a écrit Paul VALERY. Bien avant lui, DIDEROT proposait sa définition de la poésie par sa capacité de représentation ou d'imitation, lui aussi.

L'argumentation, chez le Poète, tient surtout, il me semble, de l'harmonie imitative qui est une affaire de sonorités et de rythmes. Les impressions visuelles ne lui sont pas, non plus, étrangères. Les Poètes, gens très sensibles, se plaisent à remotiver le sens des mots en jouant sur les phonèmes, suggérant certaines impressions en travaillant les rythmes. Mais l'interprétation, si elle se veut réussie, se fait à posteriori, autrement dit, une fois compris le sens du texte. La signification est, ensuite, projetée sur ce qu'on appelle "le matériau phonique" qui, à lui seul, ne suffit pas toujours à produire des impressions assez nettes chez le lecteur.

Gardons nous donc de tout systématisme, sachant bien qu'il s'agit d'interpréter, non de traduire.

Le terme d'écriture est utilisé, de nos jours, en des sens différents pour la poétique, cette poétique qui échappe aux lois des grammairiens, tout en faisant un usage intensif de la richesse née de sa grande variété dans les allitérations, éléments indispensables des possibilités expressives dont les sons, les mots et les images sont une gamme merveilleuse, modulable à l'infini. Dans un sens plus large, le terme d écriture nous renvoie à toute une réflexion théorique dont Roland Barthes la définit en opposition à la notion de "style", comme une manière d'utiliser le langage qui est propre à l'écrivain, c'est-à-dire un langage réfléchi créé par et pour le texte, voulant signifier par là même que l'écrivain, le poète, s'individualise clairement parce qu'il s'engage dans le choix général d'un ton, d'un éthos. Il contredit, ainsi, la doctrine mise en avant par les surréalistes qui étaient censés mettre en avant un système de création dont l'écrivain éventuel est en relation avec son inconscient sous la dictée de l'inconscient-inspiration et qui, selon A. Breton, serait la "recette" de l'écriture automatique.

Elle met en valeur l’aspect visuel et « spatial » du texte basé sur un jeu de différences et d’espacements, sur ce que l’écriture elle-même appelle techniquement des pleins et des déliés. Cet acte d’écrire a été particulièrement mis en avant par les « Surréalistes », avec ce qu’on appelle « l’écriture automatique ». Ce mode de « création » était censé mettre le poète en relation avec son inconscient, sous la dictée de l’inconscient-inspiration. Le poète André BRETON affirmait (je cite) « le langage a été donné à l’homme pour qu’il en fasse un usage surréaliste ». Dès 1919, déjà, André BRETON et Philippe SOUPAULT avaient pratiqué « l’écriture automatique ».

Je serais tenté de dire qu'il existe plutôt un « automatisme d'écriture » qui s'acquiert grâce à une certaine dextérité cérébrale. FREGE disait d'ailleurs que "l'écriture a été à la pensée ce que la voile qui remonte le vent fut à la navigation".

L'écriture, telle que je la perçois, n'est que l'objet d'un long apprentissage, un moyen, parmi tant d'autres, d'affirmer sa personnalité. On progresse, on recule, on désapprend, et, enfin, si seulement on s'accroche, on se perfectionne vraiment. La technique doit ensuite permettre de prendre la place d'une "seconde nature". Seule une longue pratique critique permettra à l'attention de ne plus être perturbée par les codes et la procédure.

Écrire met en jeux deux aspects : l'écriture et le style. Il en résulte l'appropriation universelle de symboles (les lettres) assemblées en signifiants (les mots). Voilà pourquoi je rejette le principe de l'écriture automatique. J'ai toujours considéré que le style est une manifestation du tempérament, de la personnalité, car, par le style l'auteur, le poète, s'identifie en tant qu'être unique, une pensée unique, une manière de communiquer, de personnaliser son message. Je suis de ceux qui considèrent que l'écriture est un automatisme acquis pendant l'enfance car de notre attitude dépendent tous les facteurs sensoriels, cognitifs, affectifs qui forgent notre personnalité. Et, pour écrire, il est indispensable d'être dans un état d'élaboration intellectuelle. Le raisonnement agit comme une association logique d'idées conduisant à une conclusion avec une visée précise. Notre cerveau participe, seul, aux stratégies de décisions graphiques.

Bien entendu, il y a le raisonnement concret et le raisonnement abstrait. Le premier doit tirer les conclusions par l'observation. Il s'agit d'une démarche d'analyse conduisant à "décomposer" un objet ou une notion en éléments simples. Je suis de ceux qui pensent que le potentiel créatif de l'écriture provient de la main et de l'œil, ce qui donne une valeur unique au processus de l'écriture, c'est la lecture simultanée de ce que l'on écrit.

Pour en revenir à l’écriture des Poètes, ne pourrait-on pas, comme le stipulent beaucoup d’écrivains et de philosophes les assimiler à ces Prophètes parlant sous l'impulsion de Dieu, (pour certains d’entre eux), dans une forme de structure binaire, multipliant les parallélismes, ce qui semble un modèle par excellence du langage et de l’écriture poétique.

La poésie est "un regard" et "une musique". Elle met, en général, plus l'accent sur la signification que sur le sens, plus sur le jeu du langage que sur ce qu'il dit.

ANDRÉ



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La poésie se nourrit aux sources de la prose et s'embellit au concerto des mots. (André Laugier)
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